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jeudi 12 janvier 2017

Fake news et pensée unique

MAJ de la page : Nouvelle théorie du complot made in CIA



Fanny Ardant remontée contre les journalistes et la "pensée unique" (Arte, le 28', le 11 janvier 2017)
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La réelle signification du rapport de la Direction du renseignement US sur « le choix de la Russie d’interférer dans l’élection »
Par Le Saker,  Le 8 janvier 2017

Je dois avouer que ma première réaction a été d’ignorer tout simplement ce rapport comme étant une charge inutile d’absurdités. Puis j’ai remarqué un blogueur ukrainien, Anatoli Sharii, qui se moque de ce rapport pendant plus de 10 minutes. En l’écoutant, ma première réaction a été « ce n’est pas possible – Sharii exagère ». Mais ensuite, Sharii a commencé à citer le rapport en long et en large et je ne pouvais en croire mes yeux (j’ai lu le texte original en anglais que Sharii avait traduit en russe) : chaque mot que prononçait Sharii était vrai. C’est alors que j’ai décidé de télécharger ce document et de le lire. Il est incrusté ici pour que vous puissiez le lire aussi. Lisez le texte entier, s’il vous plaît. Il est absolument incroyable.
Source (et suite) du texte : Le Saker francophone

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Prétendre que des hackers russes auraient influencé les élections américaines n’est pas tenable
Prise de position d’anciens spécialistes des services secrets américains, le 9 janvier 2017

Le fait que, dans les débats hystériques concernant la prétendue influence de la Russie sur les élections américaines, les services de renseignements américains prétendent avoir des «indices circonstanciés» est un mystère pour les anciens spécialistes des renseignements américains; car si ces cyber-attaques avaient réellement eu lieu, les services secrets pourraient présenter des preuves irréfutables.
Source (et suite) du texte : Horizons et débats

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Quand BuzzFeed (et 4Chan ?) devient une source fiable pour L’Obs (bravo à Boris Manenti !)
Par Olivier Berruyer, le 12 janvier 2017

Une nouvelle preuve de l’intégrité de certains médias… Cela en devient fascinant, surtout après la bouffée délirante d’Alep, alors qu’ils n’ont que le mot fake news à la bouche…
Bref, comment attenter une fois de plus à la Démocratie, et faire le jeu des populistes.
Il va devenir temps de réfléchir sérieusement aux moyens de sanctionner de telles violations de la Charte d’éthique professionnelle des journalistes.

Ce que contient le rapport de 35 pages qui accable Donald Trump
Source : Le Nouvel Obs, Boris Manenti, 11-01-2017

Une série de notes rédigées par un ancien agent du contre-espionnage britannique met en relief le chantage exercé par la Russie sur le président américain élu.
OB : et hop, on passe d’un rapport probablement bidon à un “chantage” déjà devenu réalité…
Source (et suite) du texte : Les Crises

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Le président « bon » et le président « méchant »
Par Manlio Dinucci, le 12 Jan 2017 - Il ManifestoInvestig'action


Barack Obama fut « santo subito » (« saint immédiatement ») : à peine entré à la Maison Blanche il fut décoré préventivement en 2009 du Prix Nobel de la paix grâce à « ses extraordinaires efforts pour renforcer la diplomatie internationale et la coopération entre les peuples ». Alors que son administration préparait déjà secrètement, par l’intermédiaire de la secrétaire d’Etat Hillary Clinton, la guerre qui deux ans plus tard allait démolir l’état libyen, en s’étendant ensuite à la Syrie et à l’Irak via des groupes terroristes fonctionnels à la stratégie USA/Otan.

Donald Trump est par contre « démon immédiatement », avant même d’entrer à la Maison Blanche. Il se trouve accusé d’avoir usurpé le poste destiné à Hillary Clinton, grâce à une opération maléfique ordonnée par le président russe Poutine. Les «preuves » sont fournies par la Cia, la plus experte en matière d’infiltrations et coups d’état. Il suffit de rappeler ses opérations pour provoquer et conduire les guerres contre le Vietnam, le Cambodge, le Liban, la Somalie, l’Irak, la Yougoslavie, l’Afghanistan, la Libye et la Syrie ; ses coups d’état en Indonésie, Salvador, Brésil, Chili, Argentine, Grèce. Des millions de personnes emprisonnées, torturées et tuées ; des millions déracinées de leurs terres, transformées en réfugiés objet d’une véritable traite des esclaves. Surtout les fillettes et jeunes femmes, soumises en esclavage, violées, contraintes à se prostituer.

mercredi 4 janvier 2017

Etats-Unis : Les vraies raisons de l'expulsion des diplomates russes

MAj de la page : Nouvelle théorie du complot made in CIA



Etats-Unis : Les vraies raisons de l'expulsion des diplomates russes
Par Eric Denécé, le 1 janvier 2017 - CF2R (Centre Français de Recherche sur le Renseignement)

Le président américain Barack Obama a ordonné vendredi 30 décembre l'expulsion de trente-cinq diplomates russes accusés d'être des « agents de renseignement » de Moscou en poste à l'ambassade de Russie à Washington et au consulat russe de San Francisco. Sans apporter de détails, la Maison-Blanche les accuse d'avoir « agi d'une manière qui ne correspond pas à leur statut diplomatique » et leur a donné 72 heures pour quitter le pays. Par ailleurs, le département d'Etat a décrété la fermeture de deux bâtiments appartenant à la Russie dans les Etats du Maryland, près de Washington, et de New York, au motif qu'ils étaient « utilisés par des responsables russes à des fins de renseignement ». 

Harcèlement ou cyberattaques ? Que reprochent les Etats-Unis à la Russie ?

La Maison-Blanche a précisé que ces représailles constituaient « une réponse au harcèlement croissant, ces deux dernières années, contre le personnel diplomatique [américain] en Russie par les forces de sécurité et de police ». Un harcèlement qui serait allé « bien au-delà des règles de comportement diplomatiques internationales ». Barack Obama a ajouté que ces actions font suite « aux avertissements que nous avons adressés de manière répétée au gouvernement russe, en privé et en public. Elles sont une réponse nécessaire et adaptée aux actions visant à nuire aux intérêts américains en violation des normes de comportement internationales établies ».
Le président américain a également annoncé que des sanctions étaient prises contre « neuf entités et individus », parmi lesquels deux services de renseignement russes, le GRU (renseignement militaire) et le FSB (service de sécurité intérieure) et leurs responsables. Le premier est accusé par la Maison-Blanche d'avoir, grâce à ses agents et ses moyens techniques, « falsifié, altéré (...) des informations avec l'objectif ou l'effet d'interférer dans le processus électoral américain en 2016 ». Quant au FSB, il est accusé d'avoir aidé le GRU. Mais curieusement, il n'est pas fait état du SVR, pourtant principal service de renseignement extérieur russe présent à l'étranger.
De plus, trois entreprises russes soupçonnées d'avoir apporté un « soutien matériel » aux opérations de piratage informatique vont être également juridiquement et financièrement sanctionnées par l'administration américaine. « Les sanctions ne s'arrêteront pas là » a ajouté Barack Obama, prévenant que les Etats-Unis prendront d'autres mesures « au moment que nous choisirons, y compris des opérations qui ne seront pas révélées au public ».

En réalité, cette expulsion d'officiels russes - la plus importante depuis 2001[1] - vient sanctionner la supposée ingérence de Moscou dans la campagne présidentielle américaine, pendant laquelle le Parti démocrate aurait été victime de cyberattaques qui auraient favorisé l'élection de Donald Trump à la Maison-Blanche.
Selon un rapport publié le 29 décembre par le département de la Sécurité intérieure (Department of Homeland Security/DHS) et le FBI[2], deux groupes de hackers qui seraient liés au renseignement russe - dénommés APT 28 ou Cozy Bear et APT 29 ou Fancy Bear - sont présentés comme responsables « de piratages ayant ciblé un parti politique américain » pendant l'été 2016. Selon les autorités américaines, le premier serait réputé proche du FSB, tandis que le second serait une émanation du GRU[3].
Ces attaques contre les serveurs et ordinateurs du Parti démocrate ont mené à la publication de plusieurs milliers d'e-mails et documents internes du mouvement, plus tard mis en ligne sur Wikileaks, jetant une lumière crue sur les manœuvres du clan Clinton afin d'écarter la candidature de Bernie Sanders et révélant nombre de magouilles et d'irrégularités internes. Ces actions auraient largement contribué à affaiblir la campagne d'Hillary Clinton. Mais, pour le moment, le gouvernement américain a donné peu d'éléments liant les diplomates déclarés persona non grata aux cyberattaques supposées de l'été dernier.
Outre ces supposés piratages informatiques destinés « à influencer l'élection présidentielle », Washington accuse Moscou de plusieurs cyberattaques contre des établissements financiers, des universités et d'autres institutions américaines.

Fin décembre, des responsables du DHS, du FBI et du Bureau du directeur du renseignement national (DNI) ont communiqué les codes des logiciels malveillants Grizzly Steppe[4] aux responsables de la sécurité des infrastructures critiques nationales (secteur financier, services publics, transports, énergie, etc.). Les responsables des services publics du Vermont ont alors aussitôt réagi, affirmant avoir identifiéun de ces codes dans les systèmes de contrôle du réseau électrique. Cette découverte à immédiatement été médiatisée, provoquant la peur dans les structures gouvernementales que les « pirates informatiques liés aux services russes tentent activement de pénétrer les infrastructures critiques du pays pour conduire des attaques destructrices ».
Des réactions outragées d'élus politiques locaux proches de l'administration Obama n'ont pas tardé à avoir lieu : le 30 décembre, le gouverneur démocrate du Vermont, Peter Shumlin, déclarait que « tous les Américains devraient être à la fois alarmés et scandalisés que Vladimir Poutine, un des plus grands voyous du monde, ait tenté de briser notre réseau électrique, sur lequel nous comptons pour soutenir notre qualité de vie, notre économie, notre santé et notre sécurité (...). Cet épisode devrait mettre en évidence le besoin urgent que notre gouvernement fédéral poursuive vigoureusement et mette fin à ce genre d'ingérence russe ». Un peu plus tard, le sénateur démocrate du Vermont, Patrick Leahy, renchérissait, jetant encore un peu plus d'huile sur le feu : « cela va au-delà des piratages informatiques classiques : il s'agit maintenant d'essayer d'accéder aux services publics pour manipuler le réseau électrique et l'arrêter au milieu de l'hiver ».

Une étonnante absence de preuves

jeudi 22 décembre 2016

Nouvelle théorie du complot made in CIA


Après les armes de destructions massives en Irak, ...  les hackers de Poutine faussent les élections américaines.


Wikileaks : la fuite orchestrée par un membre du parti démocrate
Le 15 décembre 2016 - Sputniknews

Alors que la Maison Blanche continue d’incriminer les pirates russes et Vladimir Poutine, un représentant de WikiLeaks et ancien ambassadeur britannique en Ouzbékistan, Craig Murray, confirme avoir reçu les documents compromettant Hillary Clinton de la part… d’un démocrate dégoûté par l’activité du parti ! 

Les tentatives de saboter la présidentielle aux États-Unis, le référendum sur le Brexit, ou encore le piratage de la correspondance du Parti démocrate (perpétré par Poutine lui-même!)… telle est la longue liste des « forfaits » perpétrés par les terribles Russes aux yeux de l'Occident.
N'en déplaise aux phobiques qui voient flotter partout la Main du Kremlin, un proche collaborateur de Julian Assange, Craig Murray, vient de vendre la mèche: les documents fuités du Parti démocrate provenaient de l'intérieur même de cette formation politique!

« Aucun des fuites ne provenaient de Russie. La source avait un accès légal à l'information. Les documents ont été obtenus par des fuites de l'intérieur, pas par des cyberattaques », a déclaré M. Murray dans une interview au Daily Mail

Selon lui, la source au sein du Parti démocrate lui a remis les documents en mains propres à Washington. M. Murray a récupéré le paquet lors d'une réunion clandestine dans une zone boisée près de l'Université américaine, dans le nord-ouest de la ville. La personne qu'il a rencontrée n'était pas celle qui a obtenu l'information, mais un intermédiaire, a précisé M. Murray. L'employé a ajouté que la source avait pris la décision de transférer ces informations à WikiLeaks à cause de la corruption régnant au sein de Fondation Clinton et de l'élimination de Bernie Sanders de la course présidentielle.
Plus tôt, le secrétaire américain à la Sécurité intérieure Jay Johnson a déclaré qu'aucune piste pointant une ingérence extérieure dans le processus de l'élection présidentielle américaine n'avait été décelée au cours de l'enquête. Rappelons que le gouvernement américain a, sans jamais fournir la moindre preuve, formellement accusé la Russie en octobre d'avoir conduit des attaques informatiques contre les organisations politiques américaines, notamment le Parti démocrate, avant l'élection du 8 novembre. Le président russe Vladimir Poutine a toutefois nié toute implication de la Russie, qualifiant toutes accusations de la part de Washington d'« hystérie électorale ».

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Piratages informatiques aux Etats-Unis : vers une « cyberguerre froide » ?
Interview de François-Bernard Huyghe, le 19 décembre 2016 - IRIS

Concrètement, de quoi la CIA accuse la Russie dans son rapport, publié par le Washington Post sur les piratages pendant la campagne présidentielle américaine ? Au vu des révélations, est-il possible d’affirmer que la Russie a fait gagner les élections à Donald Trump ? 

Il est tout d’abord important de préciser que les accusations contre la Russie proviennent d’une organisation elle-même à l’origine d’ingérences à l’étranger et de diffusion de fausses informations. Comme lorsqu’en 2003, la CIA affirmait la présence d’armes de destruction massive en Irak. La CIA est d’ailleurs la seule agence de sécurité qui met directement en cause la responsabilité de la Russie dans les cyberattaques. Les autres agences restent prudentes, notamment le FBI avec qui la CIA est en conflit quant à l’attribution de ces attaques. Pour le moment, le dossier est loin d’être clair.

Dans son rapport, la CIA accuse des pirates russes d’avoir mené deux opérations d’espionnage et de vol de données confidentielles. L’une visait les ordinateurs du Parti démocrate, l’autre, le directeur de campagne d’Hilary Clinton, John Podesta. Des emails confidentiels de ce dernier ont été volés. Les méthodes employées par les hackers ne semblent pas sophistiquées et du côté des Démocrates, les victimes ont fait preuve de naïveté. L’une d’entre elles aurait communiqué son mot de passe après une sollicitation. Au vu de ces éléments, rien ne prouvent l’implication d’un service d’Etat dont les méthodes sont beaucoup plus sophistiquées.

Dans un deuxième temps, les emails dérobés ont été transmis à Wikileaks, qui, dans un troisième temps, les a mis sur la place publique. La publication des échanges de mail de collaborateurs du Parti démocrate ont permis de démontrer les relations privilégiées d’Hillary Clinton avec les médias, les lobbyistes, le milieu financier, les rapports entre sa fondation et de grosses société, ainsi que les magouilles auxquelles son camp s’est adonné.

dimanche 11 septembre 2016

"Théories du complot" et esprit critique



Les Discussions du soir  par Frédéric Worms
"Théories du complot" et esprit critique avec Sophie Mazet
A propos de son livre :  Manuel d'autodéfense intellectuelle, Ed. Robert Laffont, 2015
Commande sur Amazon : Manuel d'autodéfense intellectuelle

Remarque :
De quoi la "théorie du complot" est-elle le nom ?
Par "théorie du complot" on peut entendre (et aussi amalgamer l'une ou l'autre des définitions suivantes) :
1) La définition "universelle" :
L'expression, synonyme de "complotisme" ou "conspirationnisme", désigne une théorie selon laquelle il existe un complot à l'échelle mondial, plus ou moins récent, s'étendant à plusieurs secteurs de la société, visant un but de domination sans partage de la part d'une élite discrète sinon secrète.
2) La définition étymologique :
La "théorie du complot" désigne seulement une théorie (pouvant se révéler vraie ou fausse) selon laquelle il existe un complot pour expliquer un événement.
3) La définition "non officiel" :
La "théorie du complot" est la théorie d'un complot non reconnu officiellement.
4) La définition disqualifiante :
La "théorie du complot" est un ensemble de croyances délirantes à propos d'un complot qui n'a pas (eu) lieu.
5) La définition historique de la CIA (1967) :
"La théorie du complot" est une manière de jeter le discrédit sur une critique légitime de la version officielle afin de ne pas avoir à y répondre.

Lire aussi :
"Complotisme et anti-complotisme. Double peine" par François-Bernard Huyghe (24 mars 2016)
Le problème de nos sociétés n'est pas le «complotisme» mais le fidéisme envers les médias dominants par Jean Bricmont (26 janvier 2016)
L'art du mensonge (novembre 2015)
"Exemples de théories conspirationnistes confirmées par les faits" par Jake Anderson (20 mai 2015)
Et la CIA créa le label "Théorie du complot" (23 février 2015)
La stratégie de guerre masquée par Daniele Ganser (26 juillet 2014)
"Conspirationnisme : la paille et la poutre" par Frédéric Lordon (24 août 2012)



jeudi 14 avril 2016

Complotisme et anti-complotisme. Double peine.



François-Bernard Huyghe, Directeur de recherche à l'Iris, La désinformation : un enjeu stratégique (Iris, 2016)

François-Bernard Huyghe (né en 1951) est un spécialiste français de l'information et de la stratégie.
Source (et suite) du texte, bibliographie : wikipedia
Site officiel : Huyghe

Info, intox ? Complot, rumeur ? La désinformation serait partout, et la vérité nulle-part. Ces questions obsèdent nos sociétés où il semble qu’en ligne tous puissent s’exprimer et que rien ne doive rester caché. Pourtant, la désinformation a une histoire. Elle s’exprime pendant la guerre froide et accompagne la mondialisation, avant que le web et les réseaux sociaux ne lui ouvrent de nouveaux horizons. En explorant les mécanismes de ce qui nous abuse et que nous refusons parfois de croire, des systèmes de pouvoir apparaissent et de nouvelles formes d’idéologies se manifestent. Quand la vérité des faits devient l’objet central de nos luttes, la désinformation n’est plus qu’une question morale : elle est un enjeu stratégique.
Quatrième de couverture. Désinformation : les armes du faux, Ed. Armand Colin, 2016
Commande sur Amazon : La désinformation : les armes du faux

Voir aussi la page : Conspirationniste : la paille et la poutre


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Complotisme et anti-complotisme. Double peine
Par François-Bernard Huyghe, le 24 mars 2016 - Huyghe / vu sur Les Crises

Le complotisme, qu'il est si à la mode de dénoncer - nous l'avons nous-même fait ces dernières années - implique un premier paradoxe. Le complotiste est celui qui prend les désirs de son adversaire pour la réalité. Tout va mal. Pourquoi ? Parce que des hommes puissants dirigent tout dans l'ombre et trompent les naïfs. Comment le savez-vous ? Parce que je suis plus malin, que j'ai décrypté des indices (leur conspiration n'est donc pas parfaitement efficace) : je distingue les réalités, stratégies, manœuvres, manipulations, etc. ; la plupart ne le savent pas, mais j'ai compris et, faute de pouvoir améliorer ledit monde, je sais au moins pourquoi il va mal. Cqfd.
Le complotiste est donc à la fois malheureux (les méchants gagnent et personne ou presque ne s'en aperçoit) et satisfait - car lui, il sait. Du coup, il mélange une grande intelligence (il faut beaucoup d'esprit critique pour distinguer les contradictions de la "version officielle" et découvrir des intérêts dissimulés qui expliqueraient tout) et une grande naïveté. La naïveté ne consiste pas à croire que les autorités ou les médias puissent nous tromper (ou se tromper), ni à imaginer que des actions officielles ou des nobles déclarations dissimulent des desseins inavouables. Cela arrive. L'erreur ne consiste même pas à croire qu'il y a des complots, car il y en a vraiment, si l'on entend par là que des groupes ou des États essaient de parvenir à leur but en coordonnant des influences et sans le proclamer sur la place publique . Le conspirationniste est naïf en supposant :
a ) que tant de faits apparemment contradictoires résultent d'une seule volonté (sans rendre justice à la pluralité des acteurs, au hasard, aux ratages, aux conflits et contradictions),
b ) que cette volonté est consciente et que des gens qui ont des intérêts, une formation et des moyens d'action communs ont besoin de se réunir pour penser leurs plans et faire à peu près la même chose
c ) qu'il est si facile de monter des mises en scène gigantesques ou des milliers de complices sans se prendre les pieds dans le tapis ou sans se faire prendre.
Les "vrais" complots au sens défini plus haut ne sont hélas ni si puissants, ni si explicites, ni si habilement dissimulés. Hélas, car s'il y avait un coupable unique, nous pourrions espérer nous en débarrasser.

En dépit de son succès qui se mesure en nombre de "croyants" (il y a des millions de fans de ces théories, surtout en ligne), le complotisme se condamne à l'impuissance. Il est incapable de comprendre le poids des déterminismes, des idéologies, des imaginaires, des effets de comportement de groupe, et de la culture au sens le plus large (tout ce qui guide nos choix "dans la tête") dans l'action humaine. Du coup, tout en prétendant critiquer le "système", il pense en réalité "des gens" (et de méchantes gens) et pas du tout ce qu'est vraiment un système.
Donc tout à fait d'accord pour moquer les obsédés des extra-terrestres, des Illuminatis, des sociétés secrètes, des services d'espionnage omnipotents et autres variantes des maîtres du monde. Le monde ne dissimule pas un arrière-monde si organisé et si grotesque.

Mais le complotisme produit un autre effet pervers plus subtil. Il contamine son adversaire. En tant que catégorie explique-tout et baîllone-tout, l'accusation de complotisme, présenté comme le nouveau péril mais qu'il est si facile (et gratifiant) de dénoncer, se prête aussi à des usages douteux .

mercredi 27 janvier 2016

Le problème de nos sociétés n'est pas le «complotisme» mais le fidéisme envers les médias dominants


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Le problème de nos sociétés n'est pas le «complotisme» mais le fidéisme envers les médias dominants 
Par Jean Bricmont, le 26 janvier 2016 - RT France

Jean Bricmont, essayiste et physicien belge, se penche sur les raisons de la popularité des théories du complot.

Le revue belge progressiste Politique a consacré son dernier numéro aux «théories du complot», ce qui m'a amené aux réflexions suivantes.

Il existe toute une série de légendes urbaines, appelons cela ainsi, qui circulent sur les réseaux sociaux, concernant divers attentats, les chemtrails ou la nocivité des vaccins. En général, je n'en crois aucune, tout en acceptant parfaitement que des gens «se posent des questions» sur ces sujets.

Mais est-ce nouveau et est-ce dangereux ?

lundi 9 novembre 2015

L'art du mensonge






Cultures monde par Florian Delorme
L’art du mensonge
(1/4) De Volkswagen à Sanlu : des firmes de petite vertu 02.11.2015
(2/4) Faux profils & faux likes : derrière les paravents numériques. 03.11.2015
Avec Andreas Munzel, chercheur au Centre de recherche en management de Toulouse
Nicolas Arpagian, directeur scientifique à l’Institut national des hautes études de la sécurité et de la justice
Fanny Georges, maître de conférences en sciences de l'information et de la communication
(3/4) - De l’Irak à la Crimée : truquer le jeu diplomatique. 04.11.2015
Avec François Nicoullaud, ancien ambassadeur de France en Iran (2001-2006)
Patrick Haimzadeh, ancien diplomate français en Libye.
Thomas Gomart, directeur du développement stratégique de l’Institut français des relations internationales (IFRI)
(4/4) - Théories du complot : la fabrique de la méfiance 05.11.2015 - 11:00
Avec Emmanuel Taieb, professeur de sciences politiques à Sciences-Po Lyon.
Akram Belkaïd, journaliste et essayiste, spécialiste du monde arabe
Federico Tarragoni, maître de conférence en sociologie à Paris VII - Diderot, spécialiste du populisme en Amérique latine.

Remarque sur (4/4) :
Attention aux amalgames, par exemple entre les attentats du WTC et les Reptiliens-extraterrestre d'un David Icke, on peut aussi s'interroger sur les événements du 11 septembre sans le moindre délire. Voir notamment les travaux de Daniele Ganzer (vidéo en bas de page). 
Le meilleur moyen de mettre fin à une "théorie du complot" n'est pas de la stigmatiser, ou de l'interdire, mais de la démonter. Et il n'est pas rare qu'une théorie du complot se vérifie, comme par exemple les écoutes de la NSA. Ne pas oublier non plus que l'instrumentalisation peut se faire dans les deux sens, en présentant un complot fantasmé comme étant réel ou un réel comme étant fantasmé.
  
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Les adeptes de la théorie du complot ne rejettent pas le hasard
le 1 octobre 2015 - RTS

Des chercheurs de l'Université de Fribourg et Paris Saint-Denis publient une étude qui dément l'hypothèse que les adeptes de la théorie du complot auraient une prédisposition psychologique à rejeter le hasard.

mardi 2 juin 2015

Exemples de théories conspirationnistes confirmées par les faits

Tous paranos ? Non, voici dix théories conspirationnistes confirmées par les faits
Par Jake Anderson, le 20 mai 2015 – LewRockwell

Le troisième conflit mondial sera une guerre de guérilla qui se jouera sur le terrain de l’information, sans aucune distinction entre des militaires et des civils – Marshall McLuhan.

Depuis quelques années, une simple allusion à la théorie du complot est de plus en plus ridiculisée, même par les officines des grands médias parmi les plus libérales. Mais ne les laissez pas vous tromper : il ne s’agit pas toujours de gentilles fadaises, sans preuves ni fondements.

En fait, parfois, il arrive qu’elle soit carrément vraie.

En voici dix fois la preuve…

1. L’incident du golfe du Tonkin, qui provoqua l’entrée en guerre des USA contre le Viet-Nam, n’a jamais eu lieu

Selon la théorie complotiste : l’incident du golfe du Tonkin, un tournant dans l’implication des USA au Vietnam, ne s’est en réalité jamais produit.

De fait, l’incident en question – auquel on se réfère aussi en parlant de l’incident du vaisseau USS Maddox, impliqua ce croiseur lors d’un supposé engagement naval avec trois bateaux torpedo nord-vietnamiens, patrouillant dans les eaux nationales. Le Maddox tira plus de 300 obus. Le président Lyndon B. Johnson rédigea la résolution du golfe du Tonkin, qui devint la justification légale de l’entrée en guerre des USA au Vietnam.

Le problème est que ça ne s’est pas passé ainsi. En 2005, une étude interne de l’Agence nationale de sécurité fut déclassifiée et révéla qu’il n’y avait aucun vaisseau nord-vietnamien présent lors des incidents du Tonkin. D’où la question : sur quoi tira le Maddox ?

En 1965, le président Johnson devait commenter : «Pour ce que j’en sais, notre marine avait tiré sur des baleines.» Il convient de souligner également ceci : l’historien officiel de l’ANS, Robert J. Hanyok, rapporta par écrit que l’agence avait délibérément modifié les rapports des services de renseignements, en 1964.

Il conclut même : «Le parallèle à faire entre les fautes commises par les services de renseignements au golfe du Tonkin et les manipulations de ceux-ci concernant la guerre en Irak, rend plus que jamais nécessaire le ré-examen des événements d’août 1964.» (voir ici et )

lundi 2 mars 2015

Et la CIA créa le label "Théorie du complot"



Et la CIA créa le label Théoriciens du complot …
Par George Washington  – Le 23 Février 2015

En 1967, la CIA a créé le label Théoriciens du complot… pour attaquer quiconque mettait en doute la version officielle.

Les théories du complot devraient être acceptées comme normales

La démocratie et le capitalisme de libre marché ont été fondées sur des théories du complot. La Magna Carta, la Constitution et la Déclaration d’Indépendance ainsi que d’autres documents occidentaux fondateurs étaient fondés sur des théories du complot. La démocratie grecque et le capitalisme de marché libre ont également été basés sur les théories du complot.
Mais c’était le bon vieux temps… Les choses ont maintenant changé.

La CIA a inventé le terme théoricien de la conspiration en 1967

Tout cela a changé dans les années 1960. Plus précisément, en avril 1967, la CIA a écrit un mémo qui a inventé le terme «théories du complot»… et  recommandé les méthodes pour discréditer ces théories. Le mémo a été marquée comme PSYCH– abréviation pour opérations psychologiques ou de désinformation – et CS pour l’unité de la CIA des services clandestins.

samedi 31 janvier 2015

Pour une pensée non complotiste des complots (quand ils existent)


Conspirationnisme : la paille et la poutre
vendredi 24 août 2012, par Frédéric Lordon

Le peuple est bête et méchant, le peuple est obtus. Au mieux il pense mal, le plus souvent il délire. Son délire le plus caractéristique a un nom : conspirationnisme. Le conspirationnisme est une malédiction. Pardon : c’est une bénédiction. C’est la bénédiction des élites qui ne manquent pas une occasion de renvoyer le peuple à son enfer intellectuel, à son irrémédiable minorité. Que le peuple soit mineur, c’est très bien ainsi. Surtout qu’il veille à continuer d’en produire les signes, l’élite ne s’en sent que mieux fondée à penser et gouverner à sa place.

Pour une pensée non complotiste des complots (quand ils existent) 

Il faudrait sans doute commencer par dire des complots eux-mêmes qu’ils requièrent d’éviter deux écueils symétriques, aussi faux l’un que l’autre : 1) en voir partout ; 2) n’en voir nulle part. Quand les cinq grandes firmes de Wall Street en 2004 obtiennent à force de pressions une réunion longtemps tenue secrète à la Securities and Exchange Commission (SEC), le régulateur des marchés de capitaux américains, pour obtenir de lui l’abolition de la « règle Picard » limitant à 12 le coefficient de leviérisation globale des banques d’affaires [1], il faudrait une réticence intellectuelle confinant à l’obturation pure et simple pour ne pas y voir l’action concertée et dissimulée d’un groupe d’intérêts spécialement puissants et organisés – soit un complot, d’ailleurs tout à fait couronné de succès. Comme on sait les firmes de Wall Street finiront leviérisées à 30 ou 40, stratégie financière qui fera leur profits hors du commun pendant la bulle… et nourrira une panique aussi incontrôlable que destructrice au moment du retournement. Des complots, donc, il y en a, en voilà un par exemple, et il est de très belle facture.

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