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jeudi 22 septembre 2011

Machik Labdrön ou Matchik Labdrön ou Machig Labdron



Machik Labdrön, femme et dakini du Tibet.

Le Chöd est un rituel destiné à couper l'attachement au soi, et aux émotions perturbatrices qui en découlent. Il se caractérise par des enseignements visant à transformer les composantes psycho-physiques de l'individu en offrande de nourriture aux dieux et aux démons. Acte auto-sacrificiel par excellence, à la confluence du chamanisme et du tantrisme, cet exorcisme mystique et thérapeutique se donne pour but de libérer l'esprit de toute peur, et de provoquer la réalisation de sa vraie nature, vacuité et clarté primordiales.

Machik Labdrön est considérée comme une émanation de la perfection de sagesse. Contemporaine de Milarépa (XIIe s.), cette femme tibétaine charismatique fut une pratiquante et une enseignante exceptionnelles, une épouse et une mère, et la fondatrice d'une lignée de transmission unique, nommée Chöd de Mahamoudra.

La traduction de la plus célèbre biographie de Machik Labdrön est accompagnée d'une présentation générale des origines historiques et doctrinales du Chöd dans le bouddhisme indien, et de sa transmission au Tibet. «La dakini - fée ou sorcière - ne désigne plus, au sens ultime, éternel et présent, que l'acte même de découvrir l'ouverture illimitée de chaque instant de perception.» Patrick Carré.

Quatrième de ouverture de Jerôme Edou, Machik Labdrön, femme et dakini du Tibet, Ed. Points Sagesse, 2003
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Autre biographie : wikipedia

"Lorsque ma doctrine sera sur le déclin, dans le pays du Nord que l'on nomme le Pays des Neiges, une émanation de l'esprit de la Mère de la Sagesse, Yum Chenmo, se manifestera sous le nom de Labdrönma, Lumière de Lab. Elle enseignera le sens de la Prajnaparamita non néee, errant de ville en village, dans les montagnes, les charniers et les lieux désolés et son enseignement fleurira."
Bouddha Shakyamuni, extrait du sutra Manjushrimoulatantarajam dans : Jérôme Edou, Machik Labdrön, femme et dakini du Tibet, Ed. Points Sagesse, 2003
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Bibliographie (en français) :
Jerôme Edou, Machik Labdrön, femme et dakini du Tibet, Ed. Points Sagesse, 2003

(Jérôme Edou anime une association pour les enfants du Népal : Garuda) 

(...)
Lorsqu'on a coupé les pensées négatives,
Ce que l'on nomme le Chöd n'est pas autre chose.
Lorsqu'on atteint l'attention sans perturbation,
Ce que l'on nomme la mesure de l’accomplissement n'est pas autre chose.
Lorsqu'on a mené à son terme la réalisation de son propre esprit,
Ce que l'on nomme le signe de la réalisation n'est pas autre chose.

Lorsqu'on a éradiqué toute activité du corps,
on reste (relâché) comme une botte de paille dont on a tranché le lien.
Lorsqu'on a éradiqué toute forme d'expression par la parole,
On demeure comme un luth dont on a coupé les cordes.
Lorsqu'on n'a plus aucune conception mentale,
C'est Mahamudra.

A la tradition de cette vieille dame,
Il n'y a plus rien à ajouter.

(...)
Si vous voulez éliminer la souffrance du samsara,
Il faut vous en remettre continuellement à un lama érudit et qualifié.
Un ami spirituel.
Avec respect et dévotion, il vous faut l'invoquer,
Le servir et lui faire la requête d'instruction.
Puis, ayant analysé ses paroles, il vous faut les appliquer.
Gardez en votre coeur son influence spirituelle,
Et vous actualiserez la (nature ultime) de votre esprit.

Hélas, les phénomènes du samsara n'ont pas de sens,
ils sont la source de la souffrance qui augmente et perdure,
Ne vous rendez-vous pas compte que cette vie d'agitation se consume ?
Si vous pensez pratiquer cet enseignement quand vous en aurez le loisir,
Vous risquez de perdre cette opportunité.

On gaspille sa vie en pensant : "Je pratiquerai le Dharma plus tard".
Et qu'adviendra-t-il si vous mourez de mort accidentelle ?
Si vous ne méditez pas dès aujourd'hui avec persévérance,
Demain, au moment de mourir,
Qui vous prodiguera le Dharma authentique ?

Si vous ne pratiquez pas cet enseignement vous-même,
A quoi pourrait vous servir la pratique des autres ?
Le rêve d'un mendiant regorge de plaisirs, de richesse et d'abondance,
Mais au réveil, plus la moindre trace, comme un oiseau dans le ciel.
Tous les phénomènes composées de ce monde sont semblables à cette métaphore.

Maintenant que vous en avez le loisir,
Observez l'essence de l'esprit - cela seul à du sens.
Mais quand vous l'observez, il n'y a rien à voir :
Cela même qui ne peut être vu, c'est le sens définitif de la vision.

Le point de vue suprême est au-delà de toute saisie dualiste,
La médiation suprême est sans distraction,
L'action suprême est libre d'activité et d'effort,
Le fruit suprême est dénué d'espoir et de rejet.

Le point de vue suprême n'a ni support ni objet,
La méditation suprême est au-delà de toute conception mentale,
L'action suprême est la pratique sans agir,
Le fruit suprême est au-delà de tout extrême.

Si on réalise ceci, on obtient l'Eveil,
Si l'on suit ce chemin de Mahamudra, on arrive à l'essentiel,
On coupe les affirmations erronées d'extérieur, d'intérieur et d'intermédiaire,
On comprend tous les enseignements des voies spirituelles inférieures et supérieures,
on anéantit les quatre-vingt-quatre mille sortes de perturbations mentales.
on parfait ensemble les symptômes, les signes de la réalisation et la mesure de l'accomplissement.
Et l'on quitte l'océan du samsara.

Parmi les instructions de la vieille dame,
Il n'y a pas d'enseignement plus profond.
(...)
Extraits de : Les dernières Instructions de Machik dans : Jerôme Edou, Machik Labdrön, femme et dakini du Tibet, Ed. Points Sagesse, 2003
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Sönam Tragpa ou Sönam Lama



Quelques jours plus tard, Sönam Tragpa, un descendant de Kyozur Panchen Sâkya, arriva au monastère. C'était un grand érudit et un maître des trois corbeilles extérieurs et des quatre classses des tantras intérieurs. Il avait dirigé plusieurs centaines de moines, mais il s'était lassé des activités mondaines, de l'étude et de l'enseignement du Dharma. Quittant son entourage et ses moines, il avait embrassé la vie d'ermite errant et solitaire. C'est pourquoi on l'appelait Sönam Lama, le Maitre qui a renoncé au Monde.
Extraits de : Jerôme Edou, Machik Labdrön, femme et dakini du Tibet, Ed. Points Sagesse, 2003
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Bibliographie :
Extraits de : Jerôme Edou, Machik Labdrön, femme et dakini du Tibet, Ed. Points Sagesse, 2003


Il demanda à Machik :
- Jeune acharya, tu sembles très versée dans la Prajnâpâramitâ, mais en comprends-tu réellement le sens ?
- Oui, répondit-elle.
- Explique-le-moi.
Elle lui donna une explication détaillée des dix terres des bodhisattvas et des cinq chemins. Elle lui décrivit comment les parcourir, quelles sont les pratiques de chacun de ces niveaux et leur fruit ultime, l'état de bouddha.
- Je constate que tu es aussi très habile pour expliquer le sens des Écritures, dit-il, mais tu ne l'as pas encore totalement intégré en toi.
- Que faire pour y parvenir ?
- Tout ce que tu viens de m'expliquer est appelé la compréhension. Certes, ta compréhension de la nature ultime des phénomènes est parfaite, mais tu dois maintenant intégrer en toi cette connaissance. Lorsqu'on y parvient, le mental prisonnier des fixations partiales est remplacé par un nouvel état d'esprit dénué de toute saisie de la réalité des phénomènes.
   Libéré de cet attachement à la réalité, cet état est libre de toute conception d'un sujet et d'un objet. Cette connaissance non dualiste, ou univoque, est le grand feu qui anéantir la croyance erronée en l’ego. La source de tous les enseignements consiste à observer minutieusement la nature de l'esprit. Fais-le !

Extraits de : Jerôme Edou, Machik Labdrön, femme et dakini du Tibet, Ed. Points Sagesse, 2003
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mercredi 21 septembre 2011

Pa Dampa Sangye ou Kamalashila



Pa Dampa Sangyé (pha dam pa sangs rgyas -1118), prototype du yogi indien (S. ācārya – T. a tsa ra) à la peau noire ou bleue. Il serait originaire du sud de l’Inde et né avec toutes ses dents, ce qui fait penser à la légende du maître taoïste Lao Tseu, né au bout d’une gestation de 64 ans. Il fait de nombreux voyages (cinq selon Djamgon Kongtrul[1]), dont le cinquième en Chine, où il resta 12 ans. Au terme de son séjour chinois, il alla à Dingri en Inde. Il était actif pendant le onzième siècle[2].

Le système de l’Apaisement de l'inquiétude semble être inspiré par une instruction que Dampa reçut du brahmane Āryadeva. [3] Dampa avait amené l’original en sanskrit avec lui au Tibet et il avait traduit oralement les Instructions sur la perfection de la sagesse (S. Ārya Prajñāpāramitā-upadeśa T. ‘phags pa shes rab kyi pha rol tu phyin pa’i man ngag), annotées et révisées plus tard par Zhama le traducteur.[4] Ces instructions se distinguent sur le fond très peu d’un texte comme Les instructions sur la Mahāmudrā (T. phyag chen gang ga ma) de Tailopa.

La lignée de Zhi byed est divisée en trois transmissions, première, intermédiaire et dernière. La première est une lignée Cachemirienne (T. kha che lugs), dont le premier cycle d'instructions s'appelle "semblable à l’espace". Cette lignée compte de nombreux mahasiddhas (54 masculins et féminins), parmi lesquelles une certaine Sukkhasiddhi. Elle comporte une méthode de Mahāmudrā particulière qui consiste en une contemplation qui prend le ciel pour objet.

Quand son disciple principal Kun dga' (1062-1124)[5] demande à Dampa comment il doit méditer, Dampa repond :"Tu dois méditer en fixant les yeux vers le ciel, vers le haut, puisque c'est une posture favorable qui est particulière à la Prajñāpāramitā".[6]

La lignée intermédiaire est celle de rMa (chos kyi shes rab), So (chung dge ‘dun ‘bar) et sKam. Celle-ci se divise en une lignée des mots (T. tshig brgyud) et une lignée du sens (S. don brgyud). Selon Jamgon Kongtrul (pp. 538-543).

Les doctrines appartenant à la dernière lignée s’appellent « Le cycle des méthodes des gouttes de la Mahāmudrā immaculée » (T. phyag rgya chen po dri med thigs pa phyag bzhes kyi skor).[7] Dans ce contexte « Mahāmudrā » se réfère au système de Maitrīpa, car Dam pa avait été un disciple personnel de Maitrīpa. « Immaculée » se réfère aux dits de Dampa. Le mot « méthode » T. phyag bzhes) signifie la méthode des instructions, qui sont très différentes des autres instructions (on pourrait presque dire la "patte" de Dampa, voir Deb ther sngon po p. 1133). Ces instructions appartiennent par leur nature à la Prajñāpāramitā, mais suivent le système des tantra.
Source, suite et notes du texte : Hridayartha


Bibliographie (en français) :
- Les Cent conseils aux gens de Tingri, expliqués par Dilgo Khyentse Rinpoche, Ed. Padmakara, 2000.
- Le Testament spirituel, Ed. Yogi Ling, 1997
- Extraits dans :
 Jérôme Edou, Machik Labdrön, femme et dakini du Tibet, Ed. Points Sagesse, 2003
En ligne :
- Rencontre entre Milarepa et Dampa Sangye au col de Thongla, trad. par Janus Vriens, sur son site : Dans le sillage d'Advayavajra et son blog Hridayartha (une rencontre au sommet) : en format PDF
Autres pages (du blog Hridayartha) sur Dampa Sangye :
Dampa Sangye et l'apaisement de l'inquiétude
Dampa Sangye et la présentation du Guide intérieur
Dampa et ses méthodes cachemiriennes


L'instruction spirituelle "Qui apaise l'inquiétude" :
Pendant que l'on dompte les forces négatives et les yakBa masculins
et féminins
Elle préserve l'observance (S. vrata) et les yantra
Quand le corps est malade
Elle mélange l'élément ultime (S. dhātu) et l'Intelligence (S. saBvedya)
Quand des constructions mentales subtiles se produisent
Elle les nivelle (T. 'bur 'joms) dans les passions
Quand on est couché seul dans une cachette
ŠElle établit (S. vyavasthāpanā) l'expérience directe (T. rig pa)
Quand on est au milieu d'une foule
Elle observe l'essence de tout ce qui se présente
Quand la conscience sombre dans l'opacité, elle la ravive avec pha
Quand elle est active, elle tranche à la racine
Quand elle est agitée, elle l'établit dans l'élément ultime (S. dhātu)
Quand le sujet conscient (S. jñātā) poursuit des objets sensibles
Elle regarde l'essence réelle (S. tattva)
L'instruction spirituelle "Qui apaise l'inquiétude"
En cas de mauvais augures, elle les fait prendre pour des aubaines
Que les constructions mentales en fassent à leur guise
Quand une maladie survient, elle la met à profit
Que les [quatre] humeurs7 (S. mahābhūta) en fassent à leur guise
Quand la mort arrive, elle l'intègre
Que le Seigneur de la mort en fasse à sa guise
L'instruction spirituelle "Qui apaise l'inquiétude"
Est la Perspective du Buddha atemporel
C'est l'instruction secrète du détenteur de vajra (Vajradhara)
C'est le coeur vital des quatre classes de d ākinī
ƒC'est l'instruction des quatre tantra
C'est l'Instruction de la transmission orale (S. kar7a)
C'est la clé des instructions (S. upadeśa) et des expédients (S.upāya)
Voilà l'instruction spirituelle "Qui apaise l'inquiétude".
Extrait de : Rencontre entre Milarepa et Dampa Sangye au col de Thongla, trad. par Janus Vriens
Source, suite et notes du texte, Dans le sillage d'Advayavajra : PDF


Plus tard Machik lui demanda comment elle pourrait accomplir son oeuvre pour autrui, et Dampa lui dit :
Détourne-toi des buts négatifs, anéantis toute réticence.
Cultive ce qui te semble impossible.
Tranche tes propres limitations et reconnais tes désirs.
Erre dans des lieux désolés qui inspirent la frayeur,
Comprends que tous les êtres sont semblables à l'espace vide.
Dans les cimetières, recherche le Bouddha en toi-même,
Et ton enseignement sera comme le soleil qui illumine le ciel.
Extrait du livre de Jérôme Edou, Machik Labdrön, femme et dakini du Tibet, Ed. Points Sagesse, 2003
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mardi 20 septembre 2011

Aryadéva le Brahmane



Aryadeva le Brahmane n'est pas, selon les sources tibétaines, le disciple bien connu du philosophe Nagarjuna que les tibétains appellent Lopön Aryadeva. Aryadeva le Brahmane aurait vécu vers le IXe siècle et aurait été le disciple du mahasiddha Saraha. Il est souvent cité dans la lignée de la transmission orale de la Prajnâpâramitâ.
Extraits de : La Grande Explication en vers de la Prajnâpâramitâ du brahmane Aryaveda dans Jerôme Edou, Machik Labdrön, femme et dakini du Tibet, Ed. Points Sagesse, 2003
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Bibliographie :
- La Grande Explication en vers de la Prjanaparamita du brahmane Aryaveda dans Jerôme Edou, Machik Labdrön, femme et dekini du Tibet, Ed. Points Sagesse, 2003


(...)
Ne recherche pas le sens de la Prajnâpâramitâ à l'extérieur
Car il est en toi.
La nature (de l'esprit) c'est la grande claire lumière
Qui n'a ni réalité ni caractéristiques propres.

Médite en gardant le Bouddha à l'esprit.
Il est naturellement libre de toutes fabrications mentales
Et de toute conception de passé, présent et futur.

Ni extérieur ni intérieur, ni dieu ni démon,
Ni samsara ni nirvana, ni manifestation ni Vacuité.
L'esprit libéré des conceptions dualistes est l'intention des bouddhas.
Sans erreurs et sans artifices, il est semblable à l'espace vide.

Les moyens authentiques pour réaliser cet esprit,
Consistent à unir la conscience et l'espace.
Quand tu les unis ainsi, la saisie de notions
Telles que réalité ou caractéristiques, réfutation ou affirmation se purifie d'elles-même
Et tu demeures dans la vérité de la nature des phénomènes,
Libre de la conception d'un sujet et d'un objet.

Lorsque ton corps et ton esprit demeurent sans artifices,
Une conscience nouvelle s'élève aux confins de l'espace vide.
Reste absorbé dans cet état sans contraintes et sans limites.
Alors tu expérimenteras un état de conscience libre de support et de fondement :
Cette connaissance ne repose sur rien, ni sur les cinq agrégats ni sur les objets extérieurs.

Dans des moraines ou des lieux enneigés, des charniers ou des lieux isolés,
Dans des villes ou des villages, des grottes ou des cavernes,
Où que tu sois, médite dans la non-dualité.

Le sens non-né (la nature de l'esprit) t'est montré par le maître spirituel,
Mets-le en pratique durant les quatre activités de la vie, marcher, dormir, s'asseoir et manger.

En pratiquant ainsi, par la bénédiction des paramitas
Et la réalisation de la Vacuité de tous les phénomènes,
Tu ne rencontreras pas d'obstacles.
Comment des obstacles pourraient-ils apparaître de la Vacuité dans la Vacuité ?




Quand tu auras réalisé que la nature de la réalité est vide,
Tu transcenderas signes et caractéristiques, et tu purifieras dans la Vacuité
Les objets des sens, les formes, les sons, les odeurs, les goûts et les contacts.

Intérieurement, même si les émotions grossières
Et la saisie dualiste subtile se manifestent toujours,
Elles se libéreront d'elle-même
Et tu ne devras plus y prêter attention.

Ayant réalisé cela, demeure dans l'Ainsité
Et tu te libéreras comme si tu étais arrivé sur les Iles d'or.

Si tu ôtes la vie à quelqu'un.
Tu lui enlèves par la même toutes ses facultés sensorielles, telle que la vue, etc.
De même, si tu coupes la racine même de ton esprit (si tu réalises ta vraie nature)
Tu réaliseras aussi la Vacuité de tous les phénomènes.

Ainsi, couper la racine de l'esprit même,
Couper les cinq poisons des perturbations mentales,
Couper les vues extrêmes et les formations mentales durant la méditation.
Et peur, espoir et répulsion dans l'action,
Enfin couper l'arrogance,
Puisque dans tous les cas il s'agit de couper,
C'est la définition même du Chöd.

Comment trancher les démons tangibles de la réalité,
De l'attachement et de l'aversion ?
Selon que ta pratique est excellente, moyenne ou ordinaire,
Demeure absorbé dans un état sans pensée comme une épaisse forêt,
Médite en te concentrant sur ces démons comme si tu avais des pouvoirs supranormaux,
Ou, par l'analyse et le raisonnement, établis (leur non-existence) comme avec une hache aiguisée.

Ce que l'on nomme les démons intangibles,
C'est la saisie erronée de la réalité des manifestations magiques
Crées pas les dieux et les démons.
Si tu as peur, reste concentré sur cette peur,
Comme on applique sur la chair des pointes de feu avec précision.

Prends refuges dans les trois joyaux et demeure sous les étoiles.
Abandonne le commerce des dieux et le rejet des démons.
Tranche définitivement les liens de l'amitié.

Le signe définitif de la réalisation du Chöd,
C'est d'être libéré de toute peur.
La mesure de l'accomplissement de la pratique,
C'est la pacification des prodiges des dieux et des démons.

Par contre, si ta pratique n'est pas juste,
Tu t'enfuiras terrorisé.
Même si la panique s'empare de toi, ne t'enfuis pas
Mais reste solide comme la chambranle d'une porte.
Applique-toi à subjuguer les démons, inébranlables comme une cheville de bois.
Telles sont les instructions authentiques du Chöd.



(...)
L'esprit n'est constitué de rien : il ne vient de nulle part,
Il ne demeure nulle-part et ne va nulle part,
S'il est libéré, il ne peut être la source des bouddhas.
S'il est sous l'emprise de la confusion, il ne peut errer dans l'océan du devenir (car cet état est au-delà de la libération et de la confusion).

Vertus et fautes sont pureté parfaite : pures depuis l'origine,
Libérées depuis l'origine, Bouddhéité depuis l'origine.
Mais ce serait une erreur de penser qu'il ne faille pas renoncer aux actes nuisibles.

L'attachement à un point de vue philosophique est un voile,
Et la nature ultime de l'esprit est la non-dualité qui se libère d'elle-même.
Prends refuge dans la nature des phénomènes et génère l'esprit de l'Eveil. (...)

Extraits de : La Grande Explication en vers de la Prajnâpâramitâ du brahmane Aryadeva dans Jerôme Edou, Machik Labdrön, femme et dakini du Tibet, Ed. Points Sagesse, 2003
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