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mardi 26 avril 2011

Ellâm Onru ou Tout est Un

Ce texte anonyme, écrit en tamoul au dix-neuvième siècle, est un bréviaire de l'advaita vedanta. Le Sage de la sainte montagne Arunachala, au sud de l'Inde, Sri Râmana Maharshi, le citait et le recommandait souvent. (...) "(...) je (Anannamalai) demandais à Bhagavan de me sélectionner de la lecture, il me donna une courte liste de six livres : Kaivalya Navanîtam, Ribbu Gîtâ, Ashtâvakra Gitâ, Ellâm Onru, Swarûpâ Sâram et Yoga-Vâshishta. Il mit un accent particulier sur le Ellâm Onru, en me  disant : "Si vous voulez moksha (la Délivrance), écrivez, lisez et pratiquez les instructions contenues dans Ellâm Onru"."

Bibliographie : 
- Tout est Un (Ellâm Onru), Texte Tamoul anonyme du XIXe siècle. Ed. Nataraj. 
Autres extraits en ligne : non dualité 





I - Unité
1- Tout ce qui existe, incluant le monde que tu vois, ainsi que toi-même, témoin du monde, tout est Un. 

2- Tout ce que tu considères comme étant moi, toi, lui, elle, et ceci ou cela, tout est Un.
3- Les êtres sensibles, ainsi que tout ce qui est considéré comme étant inerte et insensible, la terre, l'air, le feu et l'eau, tout cela est Un. 
(...)

II - Toi
(...)
6. Si tu demandes ce qu'est ta vraie nature, son nom est Turiya qui signifie "le Quatrième" (état). Ce nom est approprié, car il semble dire : "les trois états de ton expérience - veille, rêve et sommeil profond - te sont étrangers; ton véritable état est le quatrième, qui est différent de ces trois là". 
En supposant que ces trois états (veille, rêve et sommeil profond) forment ensemble un long rêve, le quatrième représente le réveil mettant fin à ce rêve. Ainsi, il est plus profind que le sommeil profond, et en même temps plus "éveillé" que l'état de veille. Ton véritable état est donc ce "quatrième", se distinguant de tes états de veille, sommeil avec rêves, et sommeil profond. Tu es cela, uniquement.
7. Qu'est-ce que ce quatrième état ? Il est Connaissance, sans différenciation, étant pleine Conscience de soi-même. Cela signifie que le quatrième état est pure Connaissance, sans conscience du différencié, mais en pleine conscience de Soi. Celui qui réalise cet état, même pour un seul instant, réalise la vérité. Tu es cela, uniquement. Qu'est-ce qu'il y a de plus pour celui qui a réalisé le "Quatrième" ? 
(...)

III- Dieu
(...)
4. Celui qui a réalisé le quatrième état et voit tout en tant qu'Un, celui-là connait vraiment Dieu en tant qu'Etre, Conscience et Béatitude. Les mots ne peuvent l'exprimer, ni les oreilles entendre, à quel point un tel être est uni à Dieu; c'est une question de réalisation; et il existe des voies et des moyens pour une telle réalisation. Ils peuvent être énoncés, appris et mis en pratique. Dieu peut être réalisé ainsi. 
5. Il n'a pas de nom : nous Lui donnons un nom. Il n'a pas de forme : nous Lui donnons une forme. Y-a-t-il un mal à faire cela ? Quel nom n'est pas le sien ? Quelle forme n'est pas la Sienne ? Quel est le son, la forme où Il ne se trouve pas ? C'est pourquoi, en l'absence de la vraie connaissance de ce qu'Il est, tu peux Le nommer comme tu préfères, ou L'imaginer sous la forme qui te convient le mieux pour garder Son souvenir. 
Tout espoir d'obtenir sa Grâce sans aucun effort de ta part est complètement vain. S'il était possible d'obtenir Sa Grâce de cette façon, tout le monde serait identique, il n'y aurait aucune raison pour qu'il existât des différences. Il nous a montré les voies et les moyens. Fais l'effort, atteins le but; sois heureux. Ta paresse et ton égoïsme te font espérer d'obtenir Sa Grâce sans aucun effort, or la règle qui est valable pour tous est aussi valable pour toi. Ne relâche pas tes efforts. Dieu ne peut être réalisé que par ton effort. 
(...)

VI- Ego
1- O ego ! Tous les maux du monde prennent leur source en toi. C'est pour t'écraser que les rois font des lois et les Sages donnent des enseignements. Malgré leurs efforts depuis des temps immémoriaux, hélas ! tu es toujours là : tu te caches seulement, et réapparais encore et encore. N'as -tu donc pas de fin ? Oh si, et sûrement, elle approche. Un autre Ego a commencé à t'éliminer. C'est l'Ego Universel, dont le nom est Je-suis-Brahman (Aham Brahmasmi).
2. Eh ! Ego détrompe-toi, ton ennemi n'est pas de ton espèce : tu es périssable, alors qu'Il ne l'est pas; tu te prends pour "je", parce que tu différencies toujours "je", "tu", "il", etc. mais Lui est libre de ces concepts : Il harmonise les différences et résorbe tout en Lui-même. Ton hostilité à Son égard naît de ce que quand tu le vois s'élever tu crois qu'il veut t'anéantir- Mais Lui n'a aucun mauvais sentiment pour toi, puisque tu ne peux te trouver là en Sa présence. Il te voit comme une partie de Lui-même. C'est ta propre imposture qui cause ta perte en Sa présence. Il ne songe même pas à te tuer car tu ne comptes pas à ses yeux. C'est pourquoi, ego, tu te considères comme Son ennemi, mais Lui ne prétend pas être le tien. 
En un mot, tu es ton propre ennemi : Par orgueil, tu t'es vanté devant Lui, comme tu le fais en tous lieux. Dès lors, tu es perdu. C'est ainsi que l'Ego Universel t'efface, t'ayant absorbé, rayonnant en tant que Lumière Absolue. 
(...)
4. Tu ne peux, à ce moment précis, avoir une idée de ce qu'Il fera de toi si tu t'abandonnes à Lui. Quoi que je puisse t'en dire, tu ne peux comprendre. L'expérience de l'abandon à Lui peut seule permettre de comprendre. Nul doute qu'Il t'élèvera à Sa grandeur, rien de moins. Par conséquent, ne crains pas pour ton avenir; abandonne-toi directement. Tu pourras toujours t'en détourner, si la joie ne te submerge pas dès le premier instant d'abandon. De même qu'en buvant du lait, cela commence par le goùt agréable et se termine par l'apaisement de la faim et de la soif, de même l'abandon de soi commence par le ravissement et s'achève dans la Parfaite Béatitude qui est au-delà du plaisir et de la souffrance. Par conséquent, ton but est, nul doute, cet Ego Universel (Je-Suis-Brahman). 
5. Quel sera Ton nouveau nom, après l'abandon ? Il n'y a pas d'autre nom que le Tien. (...)

6. Souhaites-tu sortir de ton rêve, ou bien est-ce que tu préfères y rester encore ? Combien de temps les images du rêve vont-elles durer ? Ne sois pas paresseux, sors de ta torpeur, réveille-toi ! Tu ne vois que tes propres images mentales, et tu continues d'en imaginer encore et encore. Tout cela est vain. Trouve simplement qui est ce "toi", ce spectateur de tes images mentales. Ne te méprends pas, en t'identifiant à elles, qui s’élèvent et retombent sans cesses, réveille-toi ! Dès l'instant où tu t'éveilleras, tu comprendras que l'éveil vaut mieux que ce rêve. Debout ! L'Ego Universel attend pour se réjouir de te voir éveillé.
(...)
10. Il me reste un mot à dire. Ce n'est pas le produit de mon égoïsme, mais simplement mon devoir. Je ne dis ce mot en particulier ni pour ton bien ni pour le mien, mais pour le bien de tous : 

La Vérité est "Je-Suis-Brahman", l'Ego Universel. 
Lumière de Grâce Divine, Amour Tout-Puissant, Bénissez-moi ! 
Paix ! Paix ! Paix !
Extraits de : Tout est Un (Ellâm Onru). Ed. Narataj.
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dimanche 23 janvier 2011

Abu Sa'id ou Abu Sai'id Abu-l-Khayr



Grand mystique et poète persan, Abû Sa’id Abu-l-Khayr est né en décembre 967 (Moharram 357) dans le village de Mehneh situé dans la province du Khorâssân de l’époque. Son père, qui était physicien et herboriste, faisait également preuve d’un vif intérêt pour le soufisme. Abû Sa’id Abu-l-Khayr apprit dès son plus jeune âge les sciences de son époque, (...).

Abû Sa’id Abu-l-Khayr demeure l’une des figures les plus éminentes du soufisme en Islam. Il est l’auteur de nombreux poèmes et dictons en persan et en arabe, rédigés notamment sous formes de quatrains (robâ’i), dont il ne nous reste aujourd’hui que deux recueils : Asrâr al-Towhid (Les secrets de l’unification ou du monothéisme), composé de poèmes et citations rassemblés par l’un de ses petits-fils, Mohammad Ibn Monavvar, plus d’un siècle après son décès, et Hâlât va sokhanân-e Sheikh Abû Sa’id (Etats spirituels et discours d’Abû Sa’id) dont le contenu aurait été rassemblé par Kamal al-Din Mohammad, beau-frère de son petit-fils.

De par ses œuvres et son enseignement transmis de génération en génération au sein et hors de sa congrégation soufie, il contribua de façon décisive à l’enrichissement ainsi qu’à l’évolution de l’ensemble de la tradition soufie. Il fut l’un des premiers à utiliser des métaphores communément employées dans les poèmes d’amour pour décrire l’union mystique et la recherche de l’aimé en Dieu, le tout étant rédigé dans un style simple et dépourvu d’emphase. Il insiste notamment sur le "je" ou le "moi", seule cause, selon lui, de la séparation de l’homme par rapport à son Créateur et de tous les maux de sa vie terrestre.

A ce titre, selon certains récits biographiques, il ne se désignait lui-même jamais par la qualificatif "je", préférant l’emploi du "ils". Le dépouillement de l’égo est donc la thématique centrale de son œuvre. En outre, il insiste sur le fait que le rapprochement et l’union ultime avec le divin ne peut se réaliser qu’en suivant les conseils d’un maître spirituel et par l’intermédiaire de la grâce divine. Enfin, il considérait le soufisme comme étant la réalisation de la vraie signification de l’islam.

Abû Sa’id Abu-l-Khayr est connu pour être dans un état quasi-continu d’extase divine et pour avoir accompli plusieurs miracles. Son utilisation de poèmes et de métaphores basées sur le langage amoureux dans ses sermons en fit la cible de nombreux théologiens qui l’accusèrent de blasphème. Cependant, son immense popularité rendit sans effet ces critiques. Il a constitué une référence pour de nombreux mystiques après lui, parmi lesquels ’Attâr Neyshabouri. Il a rencontré les grands maîtres soufis de son temps, ainsi que les grandes figures scientifiques et philosophiques telles qu’Avicenne, avec qui il a entretenu une correspondance régulière.

Cette grande figure de la tradition soufie et mystique de l’islam est décédé durant le mois de janvier 1049 (Sha’bân 440) dans son village natal.
Source du texte : La Revue de Téhéran



Bibliographie (en français) :
Etudes :
Mohamed Monawwar, Les Etapes mystiques du Shaykh Abu Sa'id. Mystère de la connaissance de l'Unique.


Le voile entre moi et Dieu n’est pas le monde, ni le trône divin ; c’est l’illusion du "je".
Passez au travers de vous-même et vous vous retrouverez auprès de lui.
L’illusion du "moi", le paradis n’est qu’absence du "je". L’enfer n’est qu’omniprésence du “moi”.
Si vous n’aspirez pas à sacrifier votre personne, ne perdez pas votre temps avec ces balivernes de soufis.
Le soufisme signifie fixer son regard sur l’Un et vivre à travers l’Un.
La signification du soufisme est de vous débarrasser de ce que vous avez dans la tête, d’utiliser avec parcimonie ce qui est entre vos mains, et de rester inébranlable face à tout ce qui peut vous arriver.
Avoir du ressentiment est une hérésie ; attribuer une chose à une autre cause que Dieu est une idolâtrie. Enfin, la joie est un devoir.
Extraits de Asrâr al-Towhid

L'Amour est venu
S'est écoulé comme le sang
Sous la peau
A l'intérieur de mes veines
Me vidant de moi-même
Et me remplissant du Bien-Aimé
Jusqu'à ce que chaque membre,
Chaque organe
Fut saisi et occupé
Jusqu'à ce que, seul mon nom subsiste.
Tout le reste était « Lui ».
Le Soufisme c'est la volonté de Dieu (agissant) dans l'homme sans l'intermédiaire de l'homme.

Savez-vous ce que dit ce moulin ? Il dit : "Le Soufisme, c'est ce qui est mien : je reçois grossier et je rends fin (...).

La Voie est véracité et bienveillance, véracité envers Dieu et bienveillance envers les hommes.

Pendant longtemps nous errions partout et le besoin de cette tradition soufie nous suivait, nous cherchions Dieu dans les montagnes et dans les déserts, parfois nous Le trouvions et parfois nous ne Le trouvions pas. Or maintenant nous sommes arrivés au point où nous ne nous retrouvons plus, car de nous il ne reste que Lui, nous sommes complètement Lui. Nous n'avons jamais existé, c'est Lui qui existera alors que nous ne seront plus (...).
Extrait de : Les Etapes mystiques du Shaikh Abu Sa'id.

 .

vendredi 14 janvier 2011

Al Jili ou Abd Al-Karim Al-Jili








Abd AllKarim Ibn Ibrahim al-Jili, qui naquit en 1366 (l'an 767 de l'Hégire) à Jil dans la région de Bagdad et dont le maitre fut le Shaikh Sharaf ad-Din Ismail Ibn Ibrahim Al-Jabarti, est un continuateur de l'enseignement métaphysique du "Très Grand Maitre" (Ibn Arabi).


Bibliographie (en français) :
- De l'Homme Universel, trad. Titus Burkhardt. Ed. Dervy-Livres.

- Un Commentaire ésotérique de la formule inaugurale du Coran. Ed. Al Bouraq, 2002.


De l'Essence :
Sache que l'Essence de Dieu le Suprême est le mystère de l'Unité que tout symbole exprime sous un certain rapport, sans qu'il puisse L'exprimer sous beaucoup d'autres rapports. On ne La conçoit donc pas par quelque idée rationnelle, pas plus qu'on ne La comprend par quelque allusion conventionnelle, car on ne comprend une chose qu'en vertu d'une relation, qui lui assigne une position, ou par une négation, donc par son contraire, or, il n'y a pas, dans toute l'existence, aucune relation qui "situe" l'Essence, ni aucune assignation qui s'applique à Elle, donc rien qui puisse La nier et rien qui Lui soit contraire. Elle est, pour le langage, comme si Elle n'existait pas, et sous ce rapport Elle se refuse à l'entendement humain. Elle est trop noble pour être conçue par les intelligence... Elle est trop élevée pour que les pensées La saisissent. Son fond primordial n'est atteint par aucune sentence de la science, ni par aucun silence qui La tait, aucune limite, aussi fine et incommensurable soit-elle, ne L'embrasse (...)
Extrait de : De l'homme Universelle

De l'Unité :
Le mot "Unité" désigne la révélation de l'Essence en laquelle n'apparaissent ni les Noms ni les Qualités ni aucune trace de leurs effets; il est donc un Nom de l'Essence en tant que Celle-ci est au-delà de toutes les comparaisons divines et créaturielles.
Or, il n'existe pour l'Unité, dans tout le cosmos, aucun lieu de manifestation plus parfait que toi-même, lorsque tu te plonges dans ta propre essence en oubliant toute relation, et que tu te saisis toi-même par toi-même, dépouillé de tes apparences, en sorte que tu sois toi-même en toi-même et que de toutes les Qualités divines ou des attributs créés - qui t'appartiennent par ailleurs - aucun ne se réfère plus à toi. C'est cet état de l'homme qui est le lieu de manifestation le plus parfait de l'Unité dans toute l'existence.
Et c'est là la première "descente" de l'Essence, des ténèbres du "Nuage" vers la lumière des révélations, et aussi la première de toutes Ses révélations à cause de la pureté et de son absence de toute qualité, tout nom, allusion, rapport ou analogie; car tout y est contenu en mode non-manifesté. (...)
Extrait de : De l'homme Universelle

De l'Obscurité divine :
L'Obscurité divine est le lieu primordial
Où les soleil de la beauté se couchent. 
C'est le Soi de Dieu-même
Par lequel Il est, et dont Il ne procède jamais. 
En sorte qu'Il ne change pas. 
Son symbole est l'état latent du feu dans le silex. 
Si le feu émane d'une pierre, 
Il ne s'en sépare pourtant pas, en principe et dans son état latent. 

Il y subsiste toujours non manifesté, 

Et sa manifestation ne change rien à son état principiel. 
Nous vous montrâmes un spectateur, 
Aveugle à son propre sujet, Dieu, exalté soit-Il, ne se compare pas !

Elle est la consternation des intelligences

Dans leur impuissance de saisir ce qui, pour elles, est obscurité. 
Elle est le Soi divin, non pas par ce qu'elle comporte de ténèbres, 
Mais par ce qu'elle comporte de lumières, si l'on comprend bien. 

Autre que l'Unité inconnaissable, 

Ou que l'Unicité connaissable du multiple, 
Insaisissable en Elle-même, soustraite à toute vision, 
On l'appelle l'Obscurité divine. 
(...)

Or, après t'avoir exposé que l'Obscurité divine est l'Essence même sous le rapport de Sa non-manifestation absolue, et que l'Unité est l'Essence même sous le rapport de Son affirmation suprême, abstraite de tout rapport interne, nous dirons que ces expressions "sous le rapport de Sa non-manifestation" ou "sous le rapport de Son affirmation surême" ne confèrent pas de sens valable, car l'Obscurité divine ne comporte aucun rapport de non-manifestation ni l'Unité aucun rapport de manifestation.
Extrait de : De l'Homme Universel.



Sache que le point sous le Ba constitue le début de chaque sourate du Livre d’Allah le Très Haut, car la lettre est le développement du point, or toute sourate débute forcément par un point, d’où il découle nécessairement que le point est au commencement de toutes les sourates du Livre d’Allah. Le Ba s’étend sous la lumière du Alif comme l’ombre s’étend, or de même que l’ombre de toute chose est comme la chose, de même l’étendue du Ba, dans toute écriture, est à la mesure de l’axe du Alif dont il est la projection. Le Ba se voit donc comme une ombre de cet axe et sait par là que sa propre persistance n’est due qu’au Alif, étant donné que l’ombre n’a d’existence que par l’objet dont elle projette le corps. 
Extrait de : Un commentaire ésotérique de la formule inaugurale du Coran. 
  


lundi 10 janvier 2011

Balyani ou Awhad Al-Din Balyani



Awbad al-din Balyani (région de Shiraz, mort en 1288) est l'auteur de l'Epitre sur l'Unicité Absolue, faussement attribué à Ibn Arabi
Selon l'auteur de la traduction française, Michel Chodkiewicz, il se rattacherait à la lignée initiatique et à l'enseignement de Ibn Sab'in à travers la personne de Shushtari qu'il aurait pu rencontrer en Egypte. 


Bibliographie :
- Epitre sur l'Unicité Absolue, présentation et traduction par Michel Chodkiewicz. Ed. Les deux océans, 1982.
Extrait en ligne : Google books


Soyez les "contenants" de Dieu ! Si vous n'êtes pas les contenants de Dieu, ne soyez pas les contenants de vous-même : car si vous n'êtes pas les contenants de vous-même, vous êtes les contenants de Dieu ! Je dirai même plus . Soyez Dieu ! Et si vous n'êtes pas Dieu, ne soyez pas vous-même, car si vous n'êtes pas vous-même, vous êtes Dieu. 
Propos rapporté par Jami (cité dans la présentation de Michel Chodkiewicz)

6

La plupart de ceux qui se prétendent des Connaisseurs subordonnent la connaissance d'Allah à l'extinction (fana) de l'être et à l'extinction de l'extinction (fana al-fana). C'est là  une erreur et un manque de discernement manifeste; la connaissance d'Allah n'exige, ni extinction de l'être, ni extinction de cette extinction car les choses n'ont pas d'être et ce qui n'a pas d'être ne peut donc s'éteindre puisque l'extinction suppose l'affirmation préalable que ce qui s'éteint était. Si tu te connais comme n'étant pas et (par conséquent comme) ne cessant pas d'être, alors tu connais Allah; et sinon tu ne le connais pas !

15 

(...)
Voilà pourquoi il est licite à celui qui parvient à la Vérité essentielle de dire . "Je suis la Vérité" (Ana al-Haqq - Hallaj) ou "Gloire à moi !". Nul n'est véritablement parvenu jusqu'à Lui aussi longtemps qu'il ne voit ses attributs comme les attributs d'Allah et son essence comme l'essence d'Allah; cela sans qu'il y ait infusion en Allah ou effusion, à partir de Lui, de Son essence et de Ses attributs, et sans qu'il y ait non plus extinction par rapport à Allah ou permanence en Lui. Il se voit comme ayant toujours été dépourvu d'être propre, et non pas comme l'ayant eu, puis perdu. Il n'y a pas de soi que le Soi, il n'y a pas d'être que Son être. Le Prophète - sur lui la Grâce et la Paix ! - a fait allusion à cela lorsqu'il a dit : "N'insulte pas le Temps, car Allah est le Temps", affirmant ainsi que la transcendance d'Allah - qu'il soit exalté et béni - exclut tout associé égal ou pareil.

17

(...)
Il est à Lui-même le Nom et le Nommé. De même qu'il est nécessaire qu'Il soit, il est nécessaire que ce qui est "autre que Lui" ne soit pas. En effet, ce que tu crois être "autre que Lui" n'est pas "autre que Lui". L' "autre que Lui" est Lui. 

(...)

20

Le fruit de la connaissance de soi, c'est de savoir de connaissance certaine que tu n'es ni existant, ni inexistant, que tu n'es pas, que tu n'as jamais été et que tu ne seras jamais. De cette manière t’apparaîtra la signification de La ilaha illa llah : il n'y a pas de dieu autre que Lui, l'Etre n'appartient à nul autre que Lui, il n'y a pas d'autre à côté de Lui, il n'y a de dieu que Lui ! 

22

Lorsque tu te connais de cette manière, sans attribuer donc à Allah - qu'Il soit exalté - de contraire, de pareil, d'égal ou d'associé, alors oui, tu te connais véritablement. Voilà pourquoi le Prophète - sur lui la Grâce et la Paix - a dit : 
"Celui qui se connait soi-même connait son Seigneur" et non pas : "Celui qui éteint son soi connait son Seigneur", car il savait et voyait qu'il n'y a rien en dehors de Lui. Puis il indiqua que la connaissance de soi est la connaissance d'Allah - qu'Il soit exalté ! Autrement dit : "Connais-toi toi-même" ou Connais ton être", c'est-à-dire : sache que tu n'es pas ton être ni non plus autre chose que ton être. Tu n'es pas existant, tu n'es pas non-existant, tu n'es pas non plus autre qu'existant ou non existant. Ton être et ton absence d'être sont Son Etre, sans qu'on puisse pourtant parler d'être ou d'absence d'être car l'un et l'autre sont identique à son Etre et réciproquement. 

37

(...) 
Ces paroles s'adressent à qui ne voit rien en dehors d'Allah. Celui qui voit quelque chose en dehors d'Allah, nous n'avons rien à lui répondre, et rien à lui demander. (...) 
A celui qui est parvenu au but, l'allusion suffit. Quant à celui qui n'y est pas parvenu, il n'y parviendra ni par l'enseignement théorique, ni par l'instruction, ni par la répétition, ni par l'effort intellectuel, ni par la science, mais seulement en se mettant au service d'un maître éminent et d'un instructeur sagace, afin d'être guidé par sa lumière et de progresser grâce à son énergie spirituelle : ainsi parviendra-t-il au but, si Dieu le veut. 
Extrait de : Epitre sur l'Unicité Absolue


lundi 20 décembre 2010

Nicolas de Cues ou Nicolas Krebs



Nicolas Krebs (1401 - 11 août 1464), plus communément appelé Nicolas de Cues, est un penseur allemand de la fin du Moyen Âge. Il est également connu sous les noms de Nicolas Chrypffs, Nicolas de Cusa ou encore Nicole de Cuse en raison de son lieu de naissance (Cues sur la Moselle).
Il fut évêque, puis cardinal et ami du pape Pie II. Il a écrit une cosmologie (de nature essentiellement métaphysique) dont l'impact, quoique tardif, sera d'une grande importance, puisque Descartes le cite  deux siècles plus tard comme un des précurseurs de la pensée scientifique moderne par son originalité.

Nicolas Chrypffs est né à Cues en 1401. Encore jeune, il s'enfuit de chez lui pour échapper aux mauvais traitements de son père. Il fut élevé à Deventer, chez les frères de la vie commune. Il étudia ensuite la philosophie, la jurisprudence et les mathématiques à Padoue. Il fut d'abord avocat, puis ecclésiastique, et prit part aux négociations de la Réforme. Il est envoyé en 1437 porter une invitation du Pape Eugène IV à l'Empereur Romain d'Orient Jean VIII Paléologue à Constantinople alors menacée par les ottomans. Il fut nommé évêque de Brixen et s'opposa à l'archiduc Sigismond d'Autriche. Nicolas V le fit cardinal et l'envoya en Allemagne. Le pape Pie II le nomma vicaire général de Rome. Son énergie à réformer les mœurs du clergé et sa lutte contre la superstition rencontrèrent une vive opposition. Il mourut en 1464 à Todi.
Source du texte : wikipedia 
Autre bio et liste des oeuvres originales :  JM Nicole

Bibliographie (en français) :
- De la Docte ignorance ; introduction, traduction et notes de Hervé Pasqua, Paris, Bibliothèque Rivages, 2008.
- Lettres aux moines de Tegernsee sur la docte ignorance. Du jeu de la boule. tr. Maurice de Gandillac. Paris : O.E.I.L., 1985. (Sagesse chrétienne).
- Le tableau ou La vision de Dieu ; tr. Agnès Minazzoli. Paris : Cerf, 1986. (La nuit surveillée).
- Trois traités sur la docte ignorance et la coïncidence des opposés ; tr. Francis Bertin. Paris : Cerf, 1991. (Sagesses chrétiennes).
- Concordance catholique ; intr. de Jacques Doyon et Joseph Tchao, tr. Roland Galibois et Maurice de Gandillac. Sherbrooke : Université de Sherbrooke ; Paris : J. Vrin, 1977
- La paix de la foi suivie de la Lettre à Jean de Ségovie  ; introduction, traduction et notes de Hervé Pasqua, Téqui, Paris septembre 2008.
- Sermons eckhartiens et dionysiens ; tr. Francis Bertin. Paris : Cerf, 1998. (Sagesses chrétiennes).
- Du Non-Autre. Le guide du penseur ; tr. Hervé Pasqua. Paris : Cerf, 2002. (Sagesses chrétiennes).
Trialogus de Possest ; tr. P. Caye, D. Larre, P. Maganrd, F. Vengeon. Paris : J. Vrin, 2006.
- la filiation de Dieu, éd. Arfuyen; tr. Jean Devriendt, Intro. M-A. Vannier.
- Les Ecrits mathématiques ; tr. Jean-Marie Nicolle. Paris : Champion, 2007
- Trialogus De Possest, Texte latin, traduction et notes par P. Caye, D. Larre, P. Magnard, F. Vengeon, Paris, Vrin, 2006.
- Ecrits mathématiques, Présentation, texte latin, traduction et notes par Jean-Marie Nicolle, Paris, éd. Honoré Champion, 2007.
- La filiation de Dieu, trad. Jean Devriendt, préface Marie-Anne Vannier, Paris-Orbey, éd. Arfuyen, 2009.
- La Sagesse selon l'idiot, traduction française du De Idiota (Livres I et II) par Françoise Coursaget, introduction et commentaires par Roger Bruyeron, Paris, Hermann, 2009
- Le traité du béryl, Tome 1, Texte, traduction et notes de Maude Corrieras, Paris, éditions Ipagine, 2010

- Le Coran Tamisé, Ed. du Cerf, 2011.
 En ligne :
De la docte ignorance, (trad. approximative), 1930 : Fichier word 


Seigneur, voir, pour toi, c'est aimer et de même que ton regard se pose avec attention sur moi sans jamais se détourner de moi, de même ton amour. Et puisque ton amour est toujours avec moi et que ton amour, Seigneur, n'est autre que toi-même qui m'aimes, alors tu es toujours avec moi, Seigneur. Tu ne m'abandonnes pas. De tous côtés tu me protèges, toi qui as de moi le soin le plus vigilant. Seigneur, ton être n'abandonne pas mon être. Tant que je suis, tu es avec moi. Et comme voir, pour toi, c'est être, alors je suis parce que tu me regardes.
Extrait de : Le Tableau ou La vision de Dieu (chap. IV, La vision de Dieu est appelée providence, grâce et vie éternelle).

Je déclare donc que, s'il y avait une ligne infinie, elle serait une droite, un triangle, un cercle, une sphère. Et, de même, s'il y avait une sphère infinie, elle serait un cercle, un triangle et une ligne. Et il faut dire la même chose du triangle infini et du cercle infini.
Premièrement il est évident qu'une ligne infinie est une droite. Le diamètre d'un cercle est une ligne droite, et la circonférence est une ligne courbe plus grande que le diamètre. Si donc la ligne courbe est d'autant moins courbe que la circonférence est celle d'un cercle plus grand, alors la circonférence du cercle maximum, qui ne peut être plus grande, est courbe au minimum et droite au maximum. Ainsi, le maximum coincide avec le minimum, et l'oeil voit qu'il est nécessaire dans ces conditions que la ligne maximal soit courbe au minimum et droite au maximum.
Extrait de : De la Docte Ignorance (chap. XIII Les propriétés de la ligne maximale et infinie).

Mais dans la région de l'intellect, qui voit que le nombre est enveloppé dans la monade, la ligne dans le point et le cercle dans le centre, on saisit dans une vision mentale sans processus discursif la coincidence de l'unité et de la multiplicité, du point avec la ligne, du centre avec le cercle, comme tu as pu le constater dans les livres des Conjectures, où j'ai démontré que Dieu est au-delà même de la coincidence des contradictoires, puisque d'après Denys il est l'Opposition des Opposés.
Extrait de : Apologie de la Docte Ignorance.

Platon quant à lui, qui discerna un Etre unique, une puissance ontologique unique, un ciel unique, une terre unique en décelant en eux tous l'Un pour ainsi dire à l'état passif, contract et modifié, détecta l'Un en soi et absolu en séparant et en retranchant tout de l'Un. Et lorsqu'on le contemple de cette manière, l'Un n'est plus alors ni être ni non être, ni n'existe ni ne subsiste, il n'est plus subsistant ni auto-subsistant, ni Principe ni même Un. bien plus, la formulation : "L'Un est Un" ne serait pas exacte, puisque cette copule "est" ne peut convenir à l'Un, pas plus que dire sans copule "l'Un Un" ne serait une formulation exacte, parce que toute formulation - laquelle n'est jamais formulable sans altérité ou dualité - disconvient à l'Un. Par conséquent si tu observes bien, alors le Principe de tous les étants nommables est innommable, puisqu'il ne peut être aucun des étants principiés. Et c'est pourquoi il ne peut pas non plus être qualifié de Principe, mais il est bien plutôt le Principe innommable du Principe nommable, précédant tout ce qui est nommable à quelque titre que ce soit. De même tu comprendras maintenant mieux qu'on doit nier de lui les contradictoires en sorte qu'il n'est plus être ni non-être, ni copulativement être et non-être, ni disjonctivement être ou non-être. Mais toutes ces formulations restent en deça du Principe, qui précède tout ce qui est énonçable.
Extrait de : Le Principe


mercredi 8 décembre 2010

Ramakrishna



Ramakrishna (18 février 1836 – 16 août 1886) est né à Kamarpukur petit village de la province du Bengale, au nord-est de l’Inde.
À l’âge de vingt ans, il devint chargé du culte dans un temple nouvellement bâti à Calcutta, la capitale provinciale, temple dédié à la Déesse Kâlî. Commença alors pour Ramakrishna une longue série d’expériences religieuses  – certaines déroutantes, pour son corps ou son esprit, pour lui-même ou son entourage –  expériences qui confirmèrent ce qu’il pressentait déjà alors qu’il n’était qu’un enfant : il n’y a qu’une seule réalité, et cette réalité est divine.

Vers 1861, plusieurs maîtres savants dans ces matières reconnaissent en Ramakrishna un homme qui a reçu le Ravissement Suprême. Cette reconnaissance ne change rien à la simplicité de la vie de Ramakrishna : il continue son service au temple et sa recherche de la connaissance spirituelle vraie, pratiquant pour cela les principales méthodes offertes par la religion hindoue, et aussi celles des religions musulmane et chrétienne.

En 1872, Sarada Devi rejoint Ramakrishna (ils avaient été mariés selon la tradition millénaire alors que Sarada n’était qu’une enfant). Leur amour fut indéfectible et resta chaste cependant.
Peu à peu la renommée de Ramakrishna avait dépassé les limites de son village natal ou l’enceinte du temple de Kâlî et spontanément on venait de toute l’Inde pour le voir ou s’entretenir avec lui.
Source du texte : Centre védantique


Bibliographie (en français) :
- Swami Saradananda, son disciple, Biographie de Ramakrishna, Editions du Cerf, 2005.
- Jean Herbert, L'enseignement de Râmakrishna, Albin Michel, 2005
- Rachel et Jean-Pierre Cartier, Ramakrishna : un maître pour notre temps. Paris : la Table ronde, 2004.
- Romain Rolland, La vie de Ramakrishna, Suivi de l'enseignement de R., Paris, Robert laffont, 1973.
- Mahendranath Gupta, son disciple, Les entretiens de Ramakrishna, Editions du Cerf, 1996.
- Michel Meex, Ode à Ramakrishna, Ode de 355 alexandrins, Editions Le Manuscrit, 2007.
- Marc de Smedt, Ramakrishna, un sage en Inde, 1987.

En ligne : 
Entretiens de Ramakrishna : bibliothèque Ed. du Cerf


Ramakrishna n'a rien écrit lui-même, mais ses disciples ont rassemblé ses enseignements dans un ouvrage intitulé « Gospel of Ramakrishna ». On trouve en particulier ces deux passages :

« J'ai pratiqué toutes les religions, du christianisme à l'islam et j'ai suivi chacune des voies propres aux diverses sectes de l'hindouisme. Et il m'est apparu que par des voies différentes toutes cheminent à la rencontre du même Dieu. […] Personne ne réalise que celui qu'on appelle Krishna est aussi appelé Shiva ou bien l'Energie divine (Shakti), Jésus ou Allah, ou encore Rama avec ses mille noms. »

« Dieu est installé sur le toit de la maison. Il s'agit de le rejoindre. Pour cela, les uns prennent une échelle, d'autres une corde ou une perche en bambou, d'autre encore empruntent l'escalier ou escaladent les murs. Que vous choisissiez telle ou telle voie est chose indifférente, à condition de ne pas les essayer en même temps mais successivement. Si vous arrivez sur le toit, vous avez trouvé Dieu et vous comprenez alors qu'il y avait plusieurs voies possibles pour le rejoindre. En aucun cas vous ne devrez penser que les autres chemins ne mènent pas à Dieu. Ce sont simplement d'autres moyens permettant de se hisser sur le toit. Permettez à chacun de suivre sa propre voie […] Chacun s'imagine que seule sa propre montre indique l'heure exacte. En réalité, il suffit d'aimer Dieu avec ardeur et de se sentir attiré vers Lui... »

À propos de Dieu il a dit : « Ceux qui croient que Dieu est sans forme l'atteindront aussi bien que ceux qui croient qu'il est avec forme. Les deux seules choses nécessaires sont la foi et l'abandon de soi. ».

Concernant ses propres enseignements, il a dit : « N'acceptez rien parce que je vous l'ai dit. Éprouvez tout par vous-même. ».
Source du texte : wikipedia



"Brahman Lui-même verse des larmes quand Il est pris dans le piège des cinq éléments. Vous pouvez fermer les yeux et dire, pour affermir votre conviction: "Il n'y a pas d'épine, il n'y a pas d'épine.". Néanmoins, au moment ou vous sentez une piqûre, vous criez et retirez votre main. De même, bien que vous cherchiez à vous convaincre que vous êtes au-delà de la connaissance et de la mort, de la vertu et du vice, de la joie et de la douleuur, de la faim et de la soif, bien que vous sachiez que vous êtes l'Atman immuable, Existence-Connaissance-Béatitude absolue, néanmoins, lorsque votre corps souffre ou que votre esprit rencontre les tentations du monde et se laisse submerger par les plaisirs fugaces de "la femme et l'or"*, et que par suite, vous commettez un péché**, vous êtes obligé d'accepter les désillusions, les douleurs et la misère. Vous vous voyez privé du discernement. Votre conduite est mauvaise et vous êtes assailli par le doute et la perplexité.

Sachez donc que nul ne peut atteindre la réalisation personnelle et la libération de toutes les souffrances si Dieu ne lui témoigne Sa pitié et si Mâyâ ne lui ouvre les portes. N'avez vous pas entendu dire dans la Chandî que "cette Déesse distributrice des faveurs, peut lorsqu'Elle leur est propice, détacher les chaînes des humains"? Rien ne peut être atteint dans ce monde que par la Mère Divine. Elle seule écarte l'obstacle du chemin. Le sâdhak***ne peut réaliser Dieu que si Mâyâ a pitié de lui et S'écarte de son sentier. Dès qu'Elle lui accorde Sa grâce, il reçoit la Bénédiction de la Vision divine et il échappe à toutes ses peines. Sans cela le discernement et les autres pratiques spirituelles ne sont d'aucune utilité. On dit qu'un seul grain d'ajovan aide à digérer cent grains de riz. Mais si votre estomac est malade, cent grains d'ajovan ne pourront pas vous faire digérer un seul grain de riz."

*La femme et l'or désignent ici l'attachement aux biens matériels.
**Le péché dans la tradition hindou renvoit à l'oubli de Dieu
***Sâdhak désigne le chercheur spirituel

Source du texte : Blissofnone




jeudi 2 décembre 2010

Abd El-Kader




Abd el-Kader ben Muhieddine (arabe : عبد القادر بن محي الدين), plus connu sous le nom de l'Émir Abdelkader, né le 6 septembre 1808 près de Mascara, Algérie, décédé le 26 mai 1883 à Damas, Syrie, est un homme politique, chef militaire et ifrenide qui résista quinze ans (1832-1847) au corps expéditionnaire des Troupes d'Afrique lors de sa conquête de l'Algérie et fut également écrivain, poète, philosophe et théologien soufi. Il est considéré, en Algérie, comme étant à l'origine de la nation algérienne et le symbole de la résistance algérienne contre le colonialisme et l'oppression française; en Europe, il était considéré comme l'« Ami des Français ».
Il était Grand-croix de la Légion d'honneur et titulaire de l'Ordre de Pie IX.
Source du texte : wikipedia


Bibliographie (en français) : 
- Poèmes métaphysiques. Ed. de l'Oeuvre, 1983.
- Livre des haltes, Éd. Dervy, 2008
Larges extraits : Google book
- Écrits spirituels, textes traduits et commentés par Michel Chodkiewicz, Paris, Le Seuil, 1982.
- Lettre aux français, Paris, Éd. Phébus, 1977.
- Le livre d'Abd El Kader. 1858. Ed. Kessinger Publishing, 2010.
Ahmed Bouyerdene, Abd el-Kader, l'harmonie des contraires, Seuil, 2008. 
Bruno Étienne, Abd el-Kader, Paris, Hachette, 1994.
Bruno Étienne, Abd el-Kader : isthme des isthmes, Paris, Hachette Littératures, 2004.
Alexandre Bellemare, Abd el-Kader : sa vie politique et militaire, Paris, Hachette, 1863.
Collectif, L'émir Abd el-Kader : L'épopée de la sagesse, Éditions Zaki Bouzid, 2007.


II. De l'Unicité de l'être.
15. De l'identité suprême. 
Dieu (al-Haqq : la Réalité suprême) - qu'Il soit exalté ! - m'a dit : "Sais-tu qui tu es ?" Je répondis : "Oui, je suis le néant manifesté par Ta manifestation; je suis la ténèbre qu'illumine Ta lumière."
Il me dit alors : "Puisque tu sais, persévère fermement et garde-toi de revendiquer ce qui ne t'appartient pas : car le dépôt doit être remis à son propriétaire, et l'emprunt restitué. Le nom d'"être contingent" t'appartient depuis toujours et pour toujours."
Il me dit encore : "Sais-tu qui tu es ?" Je répondis : "Oui. Je suis réellement Dieu (al-Haqq). Mais, métaphoriquement et sous le rapport de la Voie, je suis créature. Je suis l'être contingent quant à ma forme, mais je ne peux pas ne pas être l'Etre nécessaire. C'est le nom divin al-Haqq qui m'appartient de droit d'origine; le nom de créature n'est qu'un nom d'emprunt et une formule distinctive."
Il me dit : "Voile ce symbole; et laisse le mur s'écrouler sur le trésor, afin que ne puisse l'extraire que celui qui a mis son âme à dure épreuve et regardé sa mort en face."
Puis Dieu - qu'Il soit exalté ! - me dit : "Qu'est-ce que tu es ?" Je répondis : "Je suis deux choses, selon deux rapports différents. En tant que Toi, je suis l’Éternel depuis toujours et à jamais, je suis l'Etre nécessaire qui s'épiphanise. Ma nécessité procède de l'exigence de Ton essence et mon éternité de Ta science et de Tes attributs. 
"En tant que moi, je suis le pur néant qui n'a jamais respiré le parfum de l'existence, l'être adventice qui demeure inexistant dans son adventicité. Je ne possède l'être qu'aussi longtemps que je suis présent avec Toi et pour Toi. Rendu à moi-même et absent de Toi, je suis celui qui n'est pas tout en étant."
Il me dit ensuite : "Et Moi, qui suis-je ?" Je répondis : ""Tu es l'Etre nécessaire par Soi, seul parfait en Son essence et en Ses attributs. Mieux : Tu transcendes par la perfection de Ton essence la perfection de Tes attributs. Tu es le Parfait en tout état, le Transcendant à l'égard de tout ce qui peut venir à l'esprit."
Il me répondit : "Tu ne Me connais pas !"
Je Lui dis, sans craindre de manquer de respect : "Tu es Celui à la ressemblance de Qui sont toutes les créatures contingentes. Tu es le Seigneur et le serviteur, la proximité et l'éloignement, Tu es l'Un et le multiple, le Sublime et l'infime, le Riche et l'indigent, l'adorateur et l'Adoré, le contemplant et le Contemplé. En Toi se conjoignent les contraires et les opposés. Car Tu es l'Apparent et le Caché, le voyageur et le sédentaire, Celui qui sème et Celui qui cultive. Tu es Celui qui se joue, qui ruse et qui trompe. Tu es la Réalité suprême et je suis la Réalité suprême. Tu es créature et je suis créature. Tu n'es ni ceci ne cela et je ne suis ni ceci ni cela."
Il me dit : "Cela suffit. Tu Me connais ! Cache-Moi de ceux qui ne Me connaissent pas. Car la Seigneurie a un secret et, s'il était révélé, la Seigneurie serait anéantie. Et la servitude a elle aussi, un secret; et, s'il était révélé, la servitude serait anéantie. Loue-Nous pour ce que Nous t'avons enseigné à Notre sujet : car tu ne peux Nous connaitre par un autre que Nous. Rien ne conduit à Nous, que Nous-mêmes !"
Extrait de : Écrits spirituels.


Je suis Dieu Je suis créature Je suis esclave et Je suis Seigneur
je suis Trône et natte étendue
Je suis Enfer et Paradis
Je suis eau Je suis air et feu Je suis terre nue
Je suis "combien" Je suis "comment"
Je suis ce qui se perd ou se trouve
Je suis union Je suis faveur Je suis proche et Je suis lointain
Je suis Essence Je suis Qualité
Je suis ce qui était Je suis ce qui sera
Poème XVIII, Extrait de : Poèmes métaphysiques.

mardi 7 septembre 2010

Marigal

Quelques heures dans un "état de grâce" inattendu furent le point de départ d'une quête personnelle qui, jusque-là restée à l'arrière-plan, prenait soudain une forme concrète.    
Des études scientifiques et quelques années dans un laboratoire de recherche la confirment dans cette direction, tout en lui démontrant par là-même les limites de la science. Cette recherche dépasse alors le plan personnel pour s'ouvrir sur une vision générale de l'homme et du monde, et rejoindre ce qui lui apparaît être une Connaissance de tous les temps.
Bien que n'appartenant à aucune tradition spirituelle reconnue, Marigal apporte un nouveau souffle, un autre éclairage sur cet éveil qui donne à la vie toute la plénitude de son sens
Source du texte et site officiel : Marigal


Bibliographie : 

- Voyage vers l'insaisissable, Ed. Almora, rééd. 2010

Un dimanche d’automne à la campagne, quelques amis sont à la maison et, le repas terminé, certains se préparent à faire une promenade dans les bois, d’autres à passer l’après-midi à bavarder devant le feu de cheminée. Je suis dans la cuisine pour effectuer quelques rangements avant de les rejoindre lorsque, soudain, je prends conscience que quelque chose est changé, différent. Tout est net, clair, limpide, immédiat, comme si un voile avait été enlevé, comme si une vitre avait disparu. Je n’ai plus l’impression de regarder autour de moi, le centre du regard a disparu, « je » ne suis plus dans le regard. Les autres, le monde qui m’entoure, le personnage que je suis participent d’une même vie, d’une même substance, sans séparation, sans rupture, dans un même mouvement fluide et harmonieux. Les gestes coutumiers se déroulent d’eux-mêmes, simples, faciles, portés par le silence intérieur intensément présent. Silence et amour infini qui émane de sa propre nature, irradie de lui-même et de toute chose. L’apparence du monde n’a pas changé, mais le monde vit autrement, habité par ce silence et cet amour qui sont le cœur de toute chose et de toute vie. Le personnage (que je suis) n’a pas changé, mais « je » n’est plus dans le personnage, remplacé par ce silence et cet amour qui rayonne et chante à l’infini. J’en suis totalement abasourdie. Je ne comprends pas ce qui a pu se passer : comment l’esprit, sans se diviser, peut-il aller dans deux directions différentes, se rejoindre lui-même et se retrouver UN, Infini à l’infini, béatitude dans la lumière ?

Et pourtant, c’est tout à fait clair, aussi simple et évident que d’ouvrir et fermer les yeux. 
Cela dure quelques minutes ou quelques heures, et j’essaie de comprendre ce qui se passe, de sentir la manière dont je fonctionne dans ces moments-là. 
(...)
Source du texte et suite de l'interview : Nouvelle Clé



Parler de l’Unité c’est essayer de donner corps à la mesure de l’Un. Parler de l’Un, c’est dire l’indicible, limiter l’infini, cerner le sans mesure, rendre intelligible le mystère. L’Un se vit dans le silence, mais ne peut être dit. Pourtant nombre de ceux qui ont rencontré l’Un, se sont fondus en lui – devenus Un – ont tenté de l’évoquer.
Ineffable, inconnaissable, insaisissable, il n’est ni ceci ni cela. Il ne possède aucune propriété, et non plus leur négation… au delà de tout attribut, privé de forme, sans contenu, il a le vide pour substance… c’est la simplicité ultime.

« On regarde et ne voit rien, on l’appelle l’invisible - on écoute et n’entend rien, on l’appelle l’Inaudible - on palpe et n’atteint rien, on l’appelle l’imperceptible » (Lao Tseu)

Simplicité ultime… Vide de substance, en même temps substantifié de vide… Infini, il n’a ni commencement ni fin … Sans limite, il transcende le temps et l’espace… Il est partout et nulle part, et il n’est nulle part où il ne soit… «Sans référence, sans qualité, sans contenu et à la fois intrinsèquement potentiel, vivant, créatif. Le cœur du monde, l’origine, la floraison et le vide de tous les phénomènes... »
L’Un fait les pleins et les vides – sans être ni plein ni vide, il est l’Acte du monde qui s’accomplit spontanément. Mouvant, créatif, à l’origine de tout mouvement, il est germe de Vie… Bien qu’à jamais inchangé, il est mouvement perpétuel ; il intègre le devenir, l’histoire, la multiplicité, la vie du monde dans sa diversité.
Bien que vide, il contient tous les possibles en les déployant dans un seul et même mouvement et en un même instant. Son mode d’être est la spontanéité. Parce que sans forme, il peut revêtir toutes les formes et parce que tout englobant, les myriades d’êtres et d’événements sont englobés par lui : le vide et sa manifestation, la nature profonde et ses effets, le principe et sa fonction.
On ne peut en parler, car il est en amont de la parole, mais on ne peut le taire non plus.

« Parce qu’on peut en parler, on ne peut dire qu’il na pas de réalité ; parce qu’on ne peut pas en parler, on peut dire qu’il est non existence. Il faut simplement savoir que lorsqu’on en parle, il n’est qu’une façon de dire, qu’un ‘nom’, et non pas quelque chose, encore moins quelqu’un. Si donc on en parle, il faut savoir que c’est ‘ du point de vue des êtres’ » (Chouang Tseu)

Nombreux parmi ceux qui ont témoigné de leur recherche, ont accordé une grande part à la méditation, à la contemplation intérieure, tourné leur regard vers l’intérieur pour accéder à l’origine de leur être, à travers l’écheveau sans fin des pensées, des émotions, des sentiments, pour dénouer les nœuds de nos énergies physiques et mentales agglutinées.
Et qu’ont-ils trouvé ?
RIEN, Rien – "pas quelque chose" Rien-vide. Rien absence de toute chose…
« C’est là mais il n’y a pas quelque chose, "pas quelque chose" tout proche et totalement sans référence, sans qualité, sans contenu, à la fois intrinsèquement potentiel, vivant, créatif, déconcertant, insaisissable, inexprimable, indicible. Mais "c’est ça" - Tout est là. Le cœur du monde, l’origine, la floraison et le vide de tous les phénomènes, la concrétude de l’instant…
C’est la Vision. Vision de l’Un en lui-même, par lui-même. Vision qui est silence, contemplation muette.
La vision voit le Vide, voit la mise en mouvement du Vide, voit l’interpénétration du Vide et des formes. C’est là le secret du monde et de tous les phénomènes. Un secret à vivre, à explorer, à devenir. 

Extrait de Voyage vers l'insaisissable. 

mardi 17 août 2010

René Guénon



René Guénon, né le 15 novembre 1886 à Blois en France et mort le 7 janvier 1951 au Caire en Égypte, est un auteur français, ayant publié dix-sept ouvrages de son vivant (plus dix ouvrages regroupant divers articles ayant été publiés à titre posthume, soit au total vingt-sept titres), tous régulièrement réédités, qui ont trait, principalement, à la métaphysique, à l'ésotérisme et à la critique du monde moderne.
Dans son œuvre il se propose, soit d'« exposer directement certains aspects des doctrines métaphysiques de l'Orient », doctrines métaphysiques que René Guénon définissait comme étant « universelles », soit d'« adapter ces mêmes doctrines [pour des lecteurs occidentaux] en restant toujours strictement fidèle à leur esprit » ; il ne revendiqua que la fonction de « transmetteur » de ces doctrines , dont il déclarait qu'elles sont de nature essentiellement « non-individuelle », reliées à une connaissance supérieure, « directe et immédiate » qu'il nomme « intuition intellectuelle ». Ses ouvrages, écrits en français (il contribua également en arabe pour la revue El Maarifâ), sont traduits en plus de vingt langues.
Son œuvre, qui oppose aux civilisations orientales restées selon lui fidèles à l'« esprit traditionnel », l'ensemble de la civilisation moderne considérée comme déviée, a modifié en profondeur la réception de l'ésotérisme en Occident dans la seconde moitié du xxe siècle, et a eu une influence marquante sur des auteurs aussi divers que Mircea Eliade, Raymond Queneau ou encore André Breton.
Source : wikipedia / Autre présentation


Bibliographie :

- Introduction générale à l'étude des doctrines hindoues, Marcel Rivière, Paris, 1921
-  Le Théosophisme, histoire d'une pseudo-religion, Nouvelle Librairie Nationale, Paris, 1921
- L'Erreur spirite, Marcel Rivière, Paris, 1923
- Orient et Occident, Payot, Paris, 1924
- L'Homme et son devenir selon le Vêdânta, Bossard, Paris, 1925
-  L’Ésotérisme de Dante, Ch. Bosse, Paris, 1925
- Le Roi du Monde, Ch. Bosse, Paris, 1927
- La Crise du monde moderne, Bossard, Paris, 1927
- Autorité spirituelle et pouvoir temporel, Vrin, Paris, 1929
- Saint Bernard, Publiroc, 1929
- Le Symbolisme de la Croix, Véga, 1931
- Les États multiples de l'Être, Véga, 1932
- La Métaphysique orientale, Editions traditionnelles, 1939
il s'agit de la transcription d'une conférence donnée à la Sorbonne en 1926
- Le Règne de la Quantité et les Signes des Temps, Gallimard, 1945
- Les Principes du Calcul infinitésimal, Gallimard, 1946
- Aperçus sur l'Initiation, Éditions Traditionnelles, 1946
- La Grande Triade, Gallimard, 1946
Bibliographie complète
En ligne : 
- La crise du monde moderne (texte intégral) : scribd 
- autres textes : scribd


Voir aussi les pages : Infini et indéfini / René Guénon ou la tradition



CONSIDÉRATIONS ANALOGIQUES TIRÉES DE L'ÉTUDE DE L'ÉTAT DE RÊVE - Extrait de Les Etats multiples de l'Etre

Nous quitterons maintenant le point de vue purement métaphysique auquel nous nous sommes placé, dans le chapitre précédent, pour envisager la question des rapports de l'unité et de la multiplicité, car nous pourrons peut-être mieux encore faire comprendre la nature de ces rapports par quelques considérations analogiques, données ici à titre d'exemple, ou plutôt d' « illustration » , si l'on peut ainsi parler, et qui montreront dans quel sens et dans quelle mesure on peut dire que l'existence de la multiplicité est illusoire au regard de l'unité, tout en ayant, bien entendu, autant de réalité qu'en comporte sa nature. Nous emprunterons ces considérations, d'un caractère plus particulier, à l'étude de l'état de rêve, qui est une des modalités de manifestation de l'être humain, correspondant à la partie subtile (c'est-à-dire non-corporelle) de son individualité, et dans lequel cet être produit un monde qui procède tout entier de lui-même, et dont les objets consistent exclusivement dans des conceptions mentales (par opposition aux perceptions sensorielles de l'état de veille), c'est-à-dire dans des combinaisons d'idées revêtues de formes subtiles, ces formes dépendant d'ailleurs substantiellement de la forme subtile de l'individu lui-même, dont les objets idéaux du rêve ne sont en somme qu'autant de modifications accidentelles et secondaires .


L'homme, dans l'état de rêve, se situe donc dans un monde qui est tout entier imaginé par lui, dont tous les éléments sont par conséquent tirés de lui-même, de sa propre individualité plus ou moins étendue (dans ses modalités extracorporelles), comme autant de « formes illusoires » (mâyâvirâpa) , et cela alors même qu'il n'en possède pas actuellement la conscience claire et distincte. Quel que soit le point de départ intérieur ou extérieur, pouvant être fort différent suivant les cas, qui donne au rêve une certaine direction, les événements qui s'y déroulent ne peuvent résulter que d'une combinaison d'éléments contenus, au moins potentiellement et comme susceptibles d'un certain genre de réalisation, dans la compréhension intégrale de l'individu ; et, si ces éléments, qui sont des modifications de l'individu, sont en multitude indéfinie, la variété de telles combinaisons possibles est également indéfinie. Le rêve, en effet, doit être regardé comme un mode de réalisation pour des possibilités qui, tout en appartenant au domaine de l'individualité humaine, ne sont pas susceptibles, pour une raison ou pour une autre, de se réaliser en mode corporel ; telles sont, par exemple, les formes d'êtres appartenant au même monde, mais autres que l'homme, formes que celui-ci possède virtuellement en lui-même en raison de la position centrale qu'il occupe dans ce monde . Ces formes ne peuvent évidemment être réalisées par l'être humain que dans l'état subtil, et le rêve est le moyen le plus ordinaire, on pourrait dire le plus normal, de tous ceux par lesquels il lui est possible de s'identifier à d'autres êtres, sans cesser aucunement pour cela d'être lui-même, ainsi que l'indique ce texte taoïste : « Jadis, raconte Tchoang-tseu, une nuit, je fus un papillon, voltigeant content de son sort ; puis je m'éveillai, étant Tchoang-tcheou. Qui suis-je, en réalité ? Un papillon qui rêve qu'il est Tchoang-tcheou, ou Tchoang-tcheou qui s'imagine qu'il fut papillon ? Dans mon cas, y a-t-il deux individus réels ? Y a-t-il eu transformation réelle d'un individu en un autre ? Ni l'un ni l'autre ; il y a eu deux modifications irréelles de l'être unique, de la norme universelle, dans laquelle tous les êtres dans tous leurs états sont un ».





Si l'individu qui rêve prend en même temps, dans le cours de ce rêve, une part active aux événements qui s'y déroulent par l'effet de sa faculté imaginative, c'est-à-dire s'il y joue un rôle déterminé dans la modalité extra-corporelle de son être qui correspond actuellement à l'état de sa conscience clairement manifestée, ou à ce qu'on pourrait appeler la zone centrale de cette conscience, il n'en faut pas moins admettre que, simultanément, tous les autres rôles y sont également « agis » par lui, soit dans d'autres modalités, soit tout au moins dans différentes modifications secondaires de la même modalité, appartenant aussi à sa conscience individuelle, sinon dans son état actuel, restreint, de manifestation en tant que conscience, du moins dans l'une quelconque de ses possibilités de manifestation, lesquelles, dans leur ensemble, embrassent un champ indéfiniment plus étendu. Tous ces rôles apparaissent naturellement comme secondaires par rapport à celui qui est le principal pour l'individu, c'est-à-dire à celui où sa conscience actuelle est directement intéressée, et, puisque tous les éléments du rêve n'existent que par lui, on peut dire qu'ils ne sont réels qu'autant qu'ils participent à sa propre existence c'est-lui-même qui les réalise comme autant de modifications de lui-même, et sans cesser pour cela d'être lui-même indépendamment de ces modifications qui n'affectent en rien ce qui constitue l'essence propre de son individualité. De plus, si l'individu est conscient qu'il rêve, c'est-à-dire que tous les événements qui se déroulent dans cet état n'ont véritablement que la réalité qu'il leur donne lui-même, il n'en sera aucunement affecté alors même qu'il y sera acteur en même temps que spectateur, et précisément parce qu'il ne cessera pas d'être spectateur pour devenir acteur, la conception et la réalisation n'étant plus séparées pour sa conscience individuelle parvenue à un degré de développement suffisant pour embrasser synthétiquement toutes les modifications actuelles de l'individualité. S'il en est autrement, les mêmes modifications peuvent encore se réaliser, mais, la conscience ne reliant plus directement cette réalisation à la conception dont elle est un effet, l'individu est porté à attribuer aux événements une réalité extérieure à lui-même, et, dans la mesure où il la leur attribue effectivement, il est soumis à une illusion dont la cause est en lui, illusion qui consiste à séparer la multiplicité de ces événements de ce qui en est le principe immédiat, c'est-à-dire de sa propre unité individuelle .


C'est là un exemple très net d'une multiplicité existant dans une unité sans que celle-ci en soit affectée ; encore que l'unité dont il s'agit ne soit qu'une unité toute relative, celle d'un individu, elle n'en joue pas moins, par rapport à cette multiplicité, un rôle analogue à celui de l'unité véritable et primordiale par rapport à la manifestation universelle.





 


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